Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

Kim devient Danielle


Girl Next Door
Vu le 5/1/2004 à l'UGC Georges V salle 7
Conditions : correctes (la salle n'est pas terrible - en fait l'UGC Georges V n'a pas de bonnes petites salles - ça mériterait une petite refonte. Je serais cependant obligé d'aller ailleurs alors que ce ciné est tout près de mon boulot)

Elisha Cuthbert est plus connu sous le nom de Kim Bauer, fille du célèbre agent Jack Bauer. Figure récurrente de la série 24, son personnage est excessivement horripilant. Si son caractère collait bien aux enjeux dramatiques de la première saison, la meilleure, elle devint par la suite un très gros poids particulièrement dans la deuxième saison.

Bon, les intrigues et les coups de théâtre dans 24 sont pour la plupart tirés par les cheveux mais divertissants et engloutis dans le rythme frénétique de la série. Mais l'intrigue bâtie autour de Kim Bauer est fondée sur une seule idée : chaque homme que rencontre Kim est un psychopathe (un père violent, un taré dans les bois, un chicanos qui pète les plombs...). Une belle arnaque qui plombe près d'un tiers d'une saison par ailleurs diablement efficace. Elle s'octroiera pourtant un des grands moments de la série lors d'une séance d'une exécution sommaire père/fille qui me fit froid dans le dos ("Shoot him again!").

Son intégration à la CTU, donc à l'intrigue principale, dans la saison qui suit n'arrange pas grand chose. Nombril à l'air et n'hésitant pas à bafouer les lois trois ans auparavant, elle s'habille désormais comme un sac et devient arriviste et donneuse de leçon. Le comble sera atteint lorsqu'elle dénoncera sans compassion et à tort une de ses collègues, horripilante également, pour kidnapping d'enfant, charge pour laquelle on la poursuivait, à raison, dans la saison 2!
Il est dans 24 de ces personnages qu'on adore détester comme Sherry Palmer. Kim Bauer, réduite à un horrible faire valoir de certaines facettes de son père, est un personnage détestable et qui nuit profondément à la série.

Sinon, je ne l'ai pas dit mais c'est un canon.

Il est cependant toujours intéressant de suivre la carrière de l'actrice. Dans ce Girl Next Door, elle interprète donc une ex-actrice de porno. Idée qui ne fait pas un film mais qui peut-être source de gags et autres situations grotesques.

C'est pourtant sur un ton douce amère que cette comédie démarre. Le réalisateur Luke Greenfield prend son temps pour nous présenter son héros Matthew interprété finement par Emile Hirch que je découvre dans ce film. En fait pas vraiment, il a une déjà pas mal joué, le bougre, et j'ai eu l'occasion de le voir dans les séries Le Caméléon (dans un double épisode fameux qui était un cross over avec la série Profiler) et Urgence. Mais je ne m'en souviens plus. Je ne suis pas physionomiste, hélas.

Donc le début est plutôt mélancolique car présentant cet adolescent qui termine le lycée et qui juge être passé un peu à côté de sa vie en se référant à ses collègues "populaires" standards genre surfeur. Matthew est un étudiant sans histoire et possédant une façon de penser propre à nombreux adolescents timides dont je, non, j'ai fait parti (mais bon dieu je vieillis!), que je qualifierai de "politique du pire". Cet aspect touchant, et pertinent, est mis en scène avec drôlerie par le réalisateur lors d'un départ raté vers la plage où Matthew imagine ce qui pourrait lui arriver en séchant les cours ; scène donc non seulement hilarante mais aussi instructive sur le personnage.

Comme l'annonce l'affiche et la bande annonce, le film bascule lorsque le garçon rencontre Danielle, la blonde explosive qui tombe sous son charme, la magie du cinéma quoi. Luke Greenfield ne semble cependant pas trop se préoccuper de l'aspect romantique de l'histoire. Et en dehors de quelques coups d'éclat au bon moment (le baiser et la scène d'amour), le couple ne vit pas trop à l'écran et la romance est réduite à une sous-intrigue.

D'ailleurs, Girl Next Door n'a pas vraiment de fil conducteur exploitant de manière incohérente plusieurs sous-intrigues un peu comme si on regardait plusieurs épisodes de sitcom avec des personnages récurrents dont les deux potes de Matthew plutôt rigolos et le producteur, Kelly, à la psychologie incompréhensible. Ou plutôt, sa psychologie est au service du réalisateur qui utilise ce personnage au mépris de toute cohérence pour raccorder les différents fils de son récit. Comme ça dure 1h50 et que les histoires sont inégales, drôles de temps en temps, on s'ennuie un peu. Et voilà, je viens voir Kim et je tombe dans le piège du film à la fausse bonne idée, trop long, et mal mis en scène.

Quant à la fin, je ne dirais pas qu'elle est étrange, c'est un prévisible mais amusant happy end, mais elle oscille entre le politiquement incorrect et le douteux où la fin justifie tous les moyens et finalement où le gentil ado timide devient un beauf riche entiché d'une BMW et d'une blondasse. Une certaine idée de la réussite qui me rend amer.

Tout ceci est assez dommage car le début était prometteur, car cherchant une certaine sincérité, et les acteurs sympathiques. A l'actif du film également, quelques gags et dialogues bien drôles et peu de vulgarité. C'est déjà pas mal.

La scène qui tue : je ne suis pas fan de scènes de sexe, enfin pas dans ces circonstances car cela alourdit généralement le film, mais la scène d'amour entre les deux héros est très jolie. Le regard d'Elisha Cuthbert est mémorable.

Revoir le film : si on me l'impose, je pense que je le regarderai avec un oeil indulgent.

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