Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

Hôtel Rwanda

Vu le 1/4/2005 à l'UGC Georges V salle 3
Langue : anglais
Conditions : correctes
Post Générique : non

Paul Rusesabagina, directeur du luxueux hôtel Mille collines au Rwanda, se ravitaille chez un de ses fournisseurs. Lors de ses tractations, il voit dans l'entrepôt une grosse caisse tomber et se briser : elle est pleine de machettes. Nous sommes en 1994, Paul est Hutu, sa femme est Tutsi et sa vie, comme celle de millions de personnes, va basculer dans l'horreur.

Cette horreur sera hors champ. L'hôtel de Rusesabagina est un oasis comme il le dit lui-même. Pendant le génocide Tutsi, cette remarque prendra tout son sens car les Tutsis qui viendront s'y réfugier seront aux portes de cette horreur.

Dans sa manière de raconter l'histoire tragique de ce génocide, Hôtel Rwanda présente quelques similitudes avec La Liste De Schindler dans cette façon de ne pas montrer l'horreur mais aussi dans sa narration. Le réalisateur Terry George centre son histoire sur celle d'un homme qui, comme Schindler, sauva des centaines de personnes du massacre et dut faire face à une succession de problèmes et de menaces.

Hôtel Rwanda est finalement l'histoire d'un homme emporté par les événements. Ni crédule, ni inquiet, il est un homme d'affaire avisé qui aime choyer les hommes de pouvoir venant à son hôtel. Rusesabagina, formidablement interprété par Don Cheadle, se sent protégé, grâce à ces hommes, d'un débordement. Et puis après tout, le monde entier personnifié par la présence des journalistes et des soldats de l'ONU les regardent. Il conseille même à sa belle famille, tutsi, de ne pas prêter oreille aux rumeurs de massacres la veille du début du génocide...

Peu à peu, ses illusions et ses protections vont tomber. Il ne devra alors compter que sur lui-même faisant tout pour sauver cette poignée de Tutsi, pour faire jaillir la honte vers l'occident et les familles des victimes afin qu'on leur vienne en aide. Cette scène où il explique à chaque personne dans l'hôtel qu'ils doivent annoncer par téléphone à leur famille à l'étranger qu'ils vont mourir, bouleverse. Tout comme l'ensemble du film.

Terry George met en effet tout en oeuvre pour faire transparaître l'émotion, pour nous révolter et réussit parfaitement à maintenir une tension dramatique dense et à la limite de l'insoutenable. Il dépeint le déroulement du génocide sous de nombreux aspects dont certains font froids dans le dos comme la radio Hutu qui lance un signal pour déclencher les hostilités, propose des primes pour le meurtre de certains tutsis, incite au viol des femmes de ce peuple "pour montrer la puissance des guerriers Hutus". Pendant ce temps, l'ONU ne fait rien, comme impuissante, les armées françaises et belges ne protègent que les ressortissants étrangers, la France arme l'armée régulière Hutu (ce fait sauvera d'ailleurs l'hôtel) tandis que la Chine brade ses machettes.

La machette est un des symboles de cette folie meurtrière qui a causé la mort d'un million de personnes. Une scène dans le brouillard montre une route devenue impraticable à cause de la multitude de cadavres... une scène horrible quand on devine que chaque homme, chaque femme, chaque enfant fut massacré par cette arme blanche.
Le Génocide Tutsi tend presque à montrer que se battre contre la course aux armements, contre l'achat d'armes sophistiquées et destructrices, et que dénoncer les entreprises qui vendent ces armes paraît plutôt dérisoire tant un génocide peut-être perpétré en si peu de temps (quelques semaines) avec majoritairement des armes rudimentaires.
Et entre ingérence et injustice, difficile de trouver la position à adopter mais peut-être était-il inutile de passer son temps à réfléchir sur les termes à employer (génocide, crimes...) face à ce massacre (un moment du film presque ironique). Quant à la recherche de tous les coupables, on frise l'utopie...

Hôtel Rwanda fait parti de ces films narrant une page sombre de l'histoire récente avec justesse et émotion. Rempli de moments oppressants, rempli d'un peu d'espoir mais surtout rempli de haine et d'incompréhension, le film de Terry George fait mouche. Et bouleverse.

La scène qui tue : "Monsieur, dans 10 minutes je serai mort " annonce Paul à son boss (Jean Reno, curieuse apparition) par téléphone afin qu'il le sauve. Moment extrêmement tendu.

Revoir le film : j'en parle en tout cas.
« Home | Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »

» Post a Comment