Papa
Vu le 7/6/2005 à l'UGC Maillot salle 2
Langue : français
Conditions : bonnes. Peu de monde, la salle est moche mais bien foutue. Sur le ticket, la rangée et le siège sont indiqués, plutôt rarissime à Paris.
Post Générique : oui. Il est anecdotique mais ça fait toujours plaisir.
Un père et son fils font un voyage en voiture. Un voyage paisible à vitesse modérée car la voiture est vieille. Un voyage sans trop d'histoires non plus. Un esclandre au péage, un pneu crevé, un WC trop haut... La raison et la destination de cette "odyssée" sont encore nébuleux. Peut-être une rencontre avec un ange? Comme souvent, c'est le trajet qui compte.
Après l'avoir fait tourné dans le conceptuel RRRrrrr!, c'est au tour de Maurice Barthélémy de faire jouer Alain Chabat dans son nouveau film sobrement intitulé Papa. Cette association possède presque un caractère fusionnel, Chabat étant crédité également au générique pour des dialogues additionnels et qu'il est amusant de chercher à distinguer l'humour Alain Chabat de l'humour d'un membre des Robins Des Bois.
Papa est un film qui a des allures de comédie et comporte plusieurs situations drôlatiques comme cette semaine de l'Alsace où les employés sont en costume traditionnel. Dans ce genre de moments, Chabat, en plus d'être juste, car il est toujours juste dans le film, est très à l'aise et ses réparties font mouche, le bouquet demeurant ce monologue sur les biscuits Granola, Figolu, Chamonix et autres petits écoliers.
L'essentiel de la comédie réside cependant dans la volonté du père à amuser son fils. Maurice Barthélémy réussit alors à rendre leur humour tendre très communicatif jouant sur le registre du père devenu enfant et de l'enfant par moment au comportement très adulte, enfant qu'interprète plutôt bien Martin Combes.
Mais au delà du simple amour filial, pourquoi le père cherche t'il tant à faire rire son fils? Dès le début du film, la peine et la douleur se cachent derrière les quelques traits de comédies. Le mystère aussi, au détour d'un rêve et de quelques flash back, et autour de cette maman injoignable. Mais l'essentiel, la perte d'un enfant, est dit, tout bas. Barthélémy évoque la douleur de la perte, sa difficulté à l'exprimer au delà des faits bruts. Le père, en effet, ne peut qu'énoncer les faits à l'auto-stoppeuse qu'il embarque.
Par petites touches, Barthélémy suggère aussi la solitude que cette perte provoque et bien sur l'inévitable sentiment de culpabilité vu ici à travers l'enfant. La route devient l'occasion pour ces deux personnages de se reconstruire un peu, de resserrer les liens, de s'isoler d'un monde qui les rejette comme le montre cette visite chez la tante.
Maurice Barthélémy filme ce parcours sans trémolo, sans rebondissement, et sans fausse note. Papa n'est jamais lourd ni chiant. C'est un poncif de dire qu'un réalisateur se concentre sur ses personnages mais je l'ai beaucoup ressenti dans ce film. La caméra est toujours au plus près des visages, tout comme la musique qui semble les coller, loin des mélodies larmoyantes qui préfèrent encadrer l'action. Les plus grands moments d'émotion du film sont d'ailleurs sans musique. Une main se refermant, une larme coulant sur une joue valent plus que n'importe quel violon.
Cette promenade courte sur la route avait des allures de film mineur. Mais Papa est pour moi un modèle de sensibilité et de sobriété. Presque bouleversant. Chapeau bas Maurice.
Les deux scènes qui tuent : voir Chabat soliloquer sur ses biscuits préférés pendant deux minutes fut pour moi un vrai bonheur. Mais voir son fils lui raconter une histoire, son histoire, m'a profondément touché. Un des plus grands moments d'émotion de l'année.
Revoir le film : oui.
Langue : français
Conditions : bonnes. Peu de monde, la salle est moche mais bien foutue. Sur le ticket, la rangée et le siège sont indiqués, plutôt rarissime à Paris.
Post Générique : oui. Il est anecdotique mais ça fait toujours plaisir.
Un père et son fils font un voyage en voiture. Un voyage paisible à vitesse modérée car la voiture est vieille. Un voyage sans trop d'histoires non plus. Un esclandre au péage, un pneu crevé, un WC trop haut... La raison et la destination de cette "odyssée" sont encore nébuleux. Peut-être une rencontre avec un ange? Comme souvent, c'est le trajet qui compte.
Après l'avoir fait tourné dans le conceptuel RRRrrrr!, c'est au tour de Maurice Barthélémy de faire jouer Alain Chabat dans son nouveau film sobrement intitulé Papa. Cette association possède presque un caractère fusionnel, Chabat étant crédité également au générique pour des dialogues additionnels et qu'il est amusant de chercher à distinguer l'humour Alain Chabat de l'humour d'un membre des Robins Des Bois.
Papa est un film qui a des allures de comédie et comporte plusieurs situations drôlatiques comme cette semaine de l'Alsace où les employés sont en costume traditionnel. Dans ce genre de moments, Chabat, en plus d'être juste, car il est toujours juste dans le film, est très à l'aise et ses réparties font mouche, le bouquet demeurant ce monologue sur les biscuits Granola, Figolu, Chamonix et autres petits écoliers.
L'essentiel de la comédie réside cependant dans la volonté du père à amuser son fils. Maurice Barthélémy réussit alors à rendre leur humour tendre très communicatif jouant sur le registre du père devenu enfant et de l'enfant par moment au comportement très adulte, enfant qu'interprète plutôt bien Martin Combes.
Mais au delà du simple amour filial, pourquoi le père cherche t'il tant à faire rire son fils? Dès le début du film, la peine et la douleur se cachent derrière les quelques traits de comédies. Le mystère aussi, au détour d'un rêve et de quelques flash back, et autour de cette maman injoignable. Mais l'essentiel, la perte d'un enfant, est dit, tout bas. Barthélémy évoque la douleur de la perte, sa difficulté à l'exprimer au delà des faits bruts. Le père, en effet, ne peut qu'énoncer les faits à l'auto-stoppeuse qu'il embarque.
Par petites touches, Barthélémy suggère aussi la solitude que cette perte provoque et bien sur l'inévitable sentiment de culpabilité vu ici à travers l'enfant. La route devient l'occasion pour ces deux personnages de se reconstruire un peu, de resserrer les liens, de s'isoler d'un monde qui les rejette comme le montre cette visite chez la tante.
Maurice Barthélémy filme ce parcours sans trémolo, sans rebondissement, et sans fausse note. Papa n'est jamais lourd ni chiant. C'est un poncif de dire qu'un réalisateur se concentre sur ses personnages mais je l'ai beaucoup ressenti dans ce film. La caméra est toujours au plus près des visages, tout comme la musique qui semble les coller, loin des mélodies larmoyantes qui préfèrent encadrer l'action. Les plus grands moments d'émotion du film sont d'ailleurs sans musique. Une main se refermant, une larme coulant sur une joue valent plus que n'importe quel violon.
Cette promenade courte sur la route avait des allures de film mineur. Mais Papa est pour moi un modèle de sensibilité et de sobriété. Presque bouleversant. Chapeau bas Maurice.
Les deux scènes qui tuent : voir Chabat soliloquer sur ses biscuits préférés pendant deux minutes fut pour moi un vrai bonheur. Mais voir son fils lui raconter une histoire, son histoire, m'a profondément touché. Un des plus grands moments d'émotion de l'année.
Revoir le film : oui.