Sin City
Vu le 1/6/2005 à l'UGC George V Salle 1 (balcon)
Langue : anglais
Conditions : plutôt mauvaises, la salle est comble et un chevelu était placé devant moi. Saloperie.
Post Générique : non
Trois histoires sans vraiment de lien si ce n'est le lieu : Sin City. La ville du pêché. Avec un nom pareil, autant dire que la plupart des personnages ne vont pas rigoler.
Sin City est d'abord un pari artistique et visuel. Robert Rodriguez a souhaité tenter l'expérience de l'adaptation du comics Sin City, dont je ne connaissais que le nom il y a encore quelques semaines, littéralement image par image. Ainsi, avec la caution du créateur du comics Frank Miller en tant que co-réalisateur, Rodriguez fait le pari de la transcription pure et simple. Ce site comparant le film et la BD donne un aperçu du résultat.
Résultat plutôt bluffant quand on voit le film. En faisant jouer tout les acteurs sur fond vert, Rodriguez a réinventé le noir et blanc pour s'approprier le style de Miller. Les quelques teintes colorées et les décors simples en arrière plan renforcent encore plus la beauté de l'ensemble. Sin City est un vrai plaisir pour le spectateur tant un tel renouveau dans l'image est assez rare dans l'entertainment (quoiqu'en ce moment dans le genre "on bouleverse l'image", on se rappelle de Capitaine Sky et bientôt le film A Scanner Darkly risque de nous mettre une jolie claque aussi. Une bande-annonce ici. Avec le même procédé, ce film).
N'y allons pas par quatre chemins (de Belz). Sin City est le meilleur film de Rodriguez. J'ai bien aimé tous ses films même bien aimé Spy Kids 3-D (héhé j'ai encore les lunettes). Sin City est clairement dans la catégorie au-dessus et ne donne pas l'impression d'avoir a été réalisé dans la hâte avec une économie de moyen étonnante (ce qui est pourtant le cas). Les vedettes d'Hollywood ne se sont pas trompés en adhérant au pari du réalisateur et sont venus en nombre. Il suffit de voir la distribution pour se rendre compte que nous avons droit à un des plus beaux casting de l'année. Je retiendrai particulièrement Mickey Rourke dans le rôle de Marv, parfait et gonflé. Une petite remarque quand même : quand elles ne sont pas des tueuses, les femmes n'ont pas vraiment la part belle et sont relativement interchangeables (mais belles). Celle qui sort du lot demeure Carla Gugino (et non ce n'est pas seulement parce qu'on la voit nue).
Bon et l'atmosphère dans tout ça? Elle est fantastiquement noire. Josh Hartnett n'a que deux scènes dont l'introduction aussi belle qu'implacable. Un rôle court mais qui donne le ton du film. C'est vraiment sa meilleure prestation. D'habitude falot, il est ici bon dans le genre beauté du diable qu'il m'a presque convaincu qu'il avait la prestance pour jouer dans Le Dalhia Noir du génial Ellroy.
Suivent donc trois histoires, trois destinées de "héros" autour de la protection, la vengeance et l'amour. Des losers magnifiques en fait qui tentent de rattraper leurs erreurs, qui s'accrochent toujours à quelque chose pour se racheter quel qu'en soit le prix, comme leur mort ou la mort d'autres personnes. Trois histoires de fuite en avant sans beaucoup d'espoir de retour racontées par les héros eux-mêmes avec un sens du fatalisme déconcertant et, principalement pour Ward, un humour noir à tout casser.
Car au fond, Sin City est-il le monde si désenchanté qu'on voudrait nous le faire croire? La fascination que l'on peut éprouver face à cette oeuvre peut-être monumentale évoque bien plus qu'un monde tout noir. Sin City touche à notre férocité, à nos sentiments primaires et même nos fantasmes. Suis-je un psychopathe parce que je me suis déjà imaginé à la place de Hartigan tirer une balle dans les couilles d'un pédophile? Doit-on m'enfermer parce que je ne peux m'empêcher de trouver la mort du tueur cannibal comme un soulagement mêlé d'horreur tant son indifférence face à son sort désarme? Je ne sais pas. Mais pour moi ce côté Far West poussé à l'extrême, avec des hommes surpuissants qui font justice eux-mêmes pour des causes justes à leurs yeux, à mille lieues du contrat social de Rousseau, a quelque chose de particulièrement jouissif. Malsain sans doute, mais jouissif, révélateurs de nos plus grandes peurs mais aussi de nos instincts les plus brutaux.
Sin City représente une société où le point de non retour a été atteint et dépassé depuis des lustres. Une société piégée dans la décadence remplie de prostituées et de tueurs (et tueuses) froids qui savent bien que la souffrance physique est plus terrible que la mort elle-même d'où ces nombreuses scènes de torture aussi bien physiques que mentales. Frank Miller a imaginé le terrain idéal pour raconter des histoires sans fioritures qui nous touche ou plutôt qui nous frappe en pleine gueule. Et Rodriguez gagne son pari artistique tout en créant un univers autonome et passionnant, hautement cinématographique.
Ne reste plus qu'à attendre la suite, déjà annoncée, en espérant qu'elle regorge d'autant de moments anthologiques. Vu la vitesse d'exécution du réalisateur touche à tout, cinq films depuis 2001 et souvent aussi scénariste, directeur de la photo, monteur, producteur et compositeur de la musique de ses films, nous pouvons espérer une sortie très rapide.
La scène qui tue : la deuxième confrontation entre Hartigan et Roark Junior. Brutal. "I take his weapons. Both of them".
Revoir le film : assurément d'autant plus que les mauvaises conditions de la séance m'ont vraiment gêné pour apprécier pleinement le film. Achat direct en DVD.
Langue : anglais
Conditions : plutôt mauvaises, la salle est comble et un chevelu était placé devant moi. Saloperie.
Post Générique : non
Trois histoires sans vraiment de lien si ce n'est le lieu : Sin City. La ville du pêché. Avec un nom pareil, autant dire que la plupart des personnages ne vont pas rigoler.
Sin City est d'abord un pari artistique et visuel. Robert Rodriguez a souhaité tenter l'expérience de l'adaptation du comics Sin City, dont je ne connaissais que le nom il y a encore quelques semaines, littéralement image par image. Ainsi, avec la caution du créateur du comics Frank Miller en tant que co-réalisateur, Rodriguez fait le pari de la transcription pure et simple. Ce site comparant le film et la BD donne un aperçu du résultat.
Résultat plutôt bluffant quand on voit le film. En faisant jouer tout les acteurs sur fond vert, Rodriguez a réinventé le noir et blanc pour s'approprier le style de Miller. Les quelques teintes colorées et les décors simples en arrière plan renforcent encore plus la beauté de l'ensemble. Sin City est un vrai plaisir pour le spectateur tant un tel renouveau dans l'image est assez rare dans l'entertainment (quoiqu'en ce moment dans le genre "on bouleverse l'image", on se rappelle de Capitaine Sky et bientôt le film A Scanner Darkly risque de nous mettre une jolie claque aussi. Une bande-annonce ici. Avec le même procédé, ce film).
N'y allons pas par quatre chemins (de Belz). Sin City est le meilleur film de Rodriguez. J'ai bien aimé tous ses films même bien aimé Spy Kids 3-D (héhé j'ai encore les lunettes). Sin City est clairement dans la catégorie au-dessus et ne donne pas l'impression d'avoir a été réalisé dans la hâte avec une économie de moyen étonnante (ce qui est pourtant le cas). Les vedettes d'Hollywood ne se sont pas trompés en adhérant au pari du réalisateur et sont venus en nombre. Il suffit de voir la distribution pour se rendre compte que nous avons droit à un des plus beaux casting de l'année. Je retiendrai particulièrement Mickey Rourke dans le rôle de Marv, parfait et gonflé. Une petite remarque quand même : quand elles ne sont pas des tueuses, les femmes n'ont pas vraiment la part belle et sont relativement interchangeables (mais belles). Celle qui sort du lot demeure Carla Gugino (et non ce n'est pas seulement parce qu'on la voit nue).
Bon et l'atmosphère dans tout ça? Elle est fantastiquement noire. Josh Hartnett n'a que deux scènes dont l'introduction aussi belle qu'implacable. Un rôle court mais qui donne le ton du film. C'est vraiment sa meilleure prestation. D'habitude falot, il est ici bon dans le genre beauté du diable qu'il m'a presque convaincu qu'il avait la prestance pour jouer dans Le Dalhia Noir du génial Ellroy.
Suivent donc trois histoires, trois destinées de "héros" autour de la protection, la vengeance et l'amour. Des losers magnifiques en fait qui tentent de rattraper leurs erreurs, qui s'accrochent toujours à quelque chose pour se racheter quel qu'en soit le prix, comme leur mort ou la mort d'autres personnes. Trois histoires de fuite en avant sans beaucoup d'espoir de retour racontées par les héros eux-mêmes avec un sens du fatalisme déconcertant et, principalement pour Ward, un humour noir à tout casser.
Car au fond, Sin City est-il le monde si désenchanté qu'on voudrait nous le faire croire? La fascination que l'on peut éprouver face à cette oeuvre peut-être monumentale évoque bien plus qu'un monde tout noir. Sin City touche à notre férocité, à nos sentiments primaires et même nos fantasmes. Suis-je un psychopathe parce que je me suis déjà imaginé à la place de Hartigan tirer une balle dans les couilles d'un pédophile? Doit-on m'enfermer parce que je ne peux m'empêcher de trouver la mort du tueur cannibal comme un soulagement mêlé d'horreur tant son indifférence face à son sort désarme? Je ne sais pas. Mais pour moi ce côté Far West poussé à l'extrême, avec des hommes surpuissants qui font justice eux-mêmes pour des causes justes à leurs yeux, à mille lieues du contrat social de Rousseau, a quelque chose de particulièrement jouissif. Malsain sans doute, mais jouissif, révélateurs de nos plus grandes peurs mais aussi de nos instincts les plus brutaux.
Sin City représente une société où le point de non retour a été atteint et dépassé depuis des lustres. Une société piégée dans la décadence remplie de prostituées et de tueurs (et tueuses) froids qui savent bien que la souffrance physique est plus terrible que la mort elle-même d'où ces nombreuses scènes de torture aussi bien physiques que mentales. Frank Miller a imaginé le terrain idéal pour raconter des histoires sans fioritures qui nous touche ou plutôt qui nous frappe en pleine gueule. Et Rodriguez gagne son pari artistique tout en créant un univers autonome et passionnant, hautement cinématographique.
Ne reste plus qu'à attendre la suite, déjà annoncée, en espérant qu'elle regorge d'autant de moments anthologiques. Vu la vitesse d'exécution du réalisateur touche à tout, cinq films depuis 2001 et souvent aussi scénariste, directeur de la photo, monteur, producteur et compositeur de la musique de ses films, nous pouvons espérer une sortie très rapide.
La scène qui tue : la deuxième confrontation entre Hartigan et Roark Junior. Brutal. "I take his weapons. Both of them".
Revoir le film : assurément d'autant plus que les mauvaises conditions de la séance m'ont vraiment gêné pour apprécier pleinement le film. Achat direct en DVD.
J'ai eu la chance de le voir dans d'excellentes conditions, puisque je l'ai vu au festival de Cannes dans la salle Louis Lumière (bon dieu que cette salle est magnifique).
Fan du comics d'origine j'attendais avec impatience le film qu ne m'a pas du tout déçu. Les acteurs sont choisis à la perfection, notamment Mickey Rourke qui incarne un Marv plus vrai que nature, avec une voix qui correspond pile poil à celle que j'ai dans la tête quand je lis le comics.
Ma plus grande crainte était une censure par rapport aux originaux mais tout a été conservé, y compris les shurikens svastikeste de Miho.
Seul reproche que je ferai au film, une adaptation peu être trop parfaite qui n'a pas su entièrement s'affranchir du comics (mais qui la respecte et la comprend, c'estdéjà beaucoup), mais bon, j'espère voir pour Sin City 3 ou 4 de vraies histoires inédites...
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