Crazy Kung-fu
Vu le 9/6/2005 à l'UCG Opéra Salle 3
Conditions : bonnes, une petite salle bien conçue.
Langue : chinois
Post Générique : non
Déjà célèbre sur sa terre natale, Hong Kong, Stephen Chow s'est fait connaître dans le monde entier grâce à un seul film : Shaolin Soccer, un film d'action complètement fou et absurde qui plu aussi en France et particulièrement aux fans d'Olive Et Tom dont ce film pourrait être l'adaptation live. Ce succès est également une preuve, s'il en était besoin, que l'humour venu d'Hong Kong, généralement réputé culturellement inexportable, peut très bien trouver son public hors de ses frontières. Dans le cas de Shaolin Soccer, c'est à tel point que la question du remontage se pose. Rappelons que les frères Weinstein avaient acheté les droits d'exploitation à l'international et ont fait remonter le film, pratique compréhensible pour des hommes d'affaire mais honteuse et irrespectueuse pour ces grands cinéphiles autoproclamés. Ils ne méritent que mon mépris.
Fort de ce succès, il n'est pas étonnant de retrouver l'acteur/réalisateur Stephen Chow aux commandes d'une production avec des capitaux étrangers, Crazy Kung-fu étant produit en parti par la Columbia. Pour autant, Chow ne cherche en rien à occidentaliser son film et raconte une lutte entre maîtres d'arts martiaux retirés sur fond de guerre des Triades dans les années 30. le héros Sing (Stephen Chow qui porte le même nom que dans son précédent film) est un de ces maîtres mais sans le savoir. A priori, le sujet n'a rien à voir avec Shaolin Soccer et la première apparition de Sing dans le film le confirme : après quelques acrobaties improbables avec un ballon de foot, il l'écrase avec mépris!
Mais si le fond a changé, la forme demeure cohérente avec film précédent. Chow semble avoir même trouvé un style propre. Auparavant réservé sur l'utilisation d'effets spéciaux écrasants, le metteur en scène se lâche désormais complètement et explore les possibilités du numérique pour nous livrer un véritable dessin animé live.
Ce désir "cartoonesque" est clair. Outre la volonté de marquer le clivage entre riches et pauvres, les décors superbes et parfaits rappellent, avec un peu plus de vie, des décors que nous pourrions découvrir à Disneyland. Le quartier riche est rempli de façades colorées et variées avec des boutiques de bonbons et des très jolies jeunes femmes toujours en robe. A l'opposé, le quartier pauvre n'est qu'en fait un gros et vieux immeuble, sali proprement avec des femmes aux dents immenses...
Le casting est étonnant. Chow s'est arrangé pour réunir une brochette de "gueules" qui pourraient sortir tout droit d'un dessin animé. La distribution des rôles est également délirante tant les protagonistes n'ont pas la tête de l'emploi. Les maîtres de Kung-fu sont ici un couple avec une femme dominatrice et colérique et un homme faiblard et dragueur, un tailleur très efféminé ou un vieillard edenté avec quelques longs cheveux visqueux! A l'inverse, le super méchant et chef du gang des haches ne sait pas se battre tandis que le héros n'est au début qu'une enflure chétive et terriblement lâche.
Et bien sur, il y a les effets spéciaux. Ils sont formidables et jouissifs. Sans chercher le réalisme mais ni la facilité, les responsables des FXs livrent un véritable catalogue de l'étendue de leurs talents : explosions dantesques, destruction de décors, personnages dans les airs, animaux entièrement de synthèse (les serpents et les crapauds sont totalement faux, ça m'a vraiment étonné), fantômes... Crazy Kung-fu est un véritable festival et ses multiples effets visuels fonctionnent parfaitement, certaines scènes lorgnent complètement dans l'hommage à Tex Avery dont le moment le plus évident est cette course folle façon Bip Bip et Coyote.
Tous ces éléments contribuent à transformer le film en une comédie d'action folle. Et drôle, les gags se succédant rapidement tous de plus en plus absurdes et/ou méchants. L'expérience au cinéma de ce film fut particulièrement intéressante car les gags sont variés et les spectateurs, globalement réceptifs, ont réagi de manière très différentes. Par exemple, comme dans Shaolin Soccer, la surenchère visuelle lors des combats m'a presque ennuyé ce qui ne fut visiblement pas le cas pour d'autres spectateurs.. Explorer un univers sans limite de pesanteur et de force est un peu saoulant. C'est l'effet Dragon Ball : on trouvera toujours un ennemi encore plus puissant (pour rappel, au fil des 20 tomes que j'ai lu du manga, la force du héros passe de 100 à... 500000!). Epuisant à force et de moins en moins étonnant.
Au contraire, les moments où la propriétaire coupe l'eau à ses locataires ou le vol sordide de la sucette par le héros m'ont vraiment fait marrer tandis que la salle restait plutôt muette. C'est pour ce genre de scènes que j'ai apprécié autant ce film. Enfin, un gag fédérateur à retenir, un des plus grands moments comique de ces dernières années : la séquence du lancer de couteaux où la maladresse du héros et de son acolyte les contraint à battre en retraite avec plusieurs blessures et autre morsures de serpent.
Quant à l'histoire, elle n'est pas très originale mais elle fourmille de petites idées parfois saugrenues et Chow pratique habilement la rupture de ton partant d'une introduction plutôt violente pour alterner avec des scènes de comédie pure, de danse mais aussi avec des moments dramatiques (l'enfance du héros) et touchants. On n'est pas non plus très loin du film chorale le héros étant étonnamment peu présent dans le film (pour un héros). C''est tout à l'honneur de Chow qui ne tire la couverture vers lui que sur la fin.
Crazy Kung-fu est donc un très bon film et confirme tout le bien que je pensais de Stephen Chow qui a livré avec ce film de l'entertainment totalement déjanté et vraiment original. Un vrai et grand Chow. Oh oh, excellent le jeu de mots.
La scène qui tue : les couteaux. Vraiment. Voir le héros lancer un couteau qui revient se planter dans son épaule est hilarant. Chow est vraiment marrant.
Ce que ma copine en a pensé : Alors Crazy Kung-fu m'a posé un véritable problème d'identité. Pour la première fois, une salle de cinéma entièrement remplie riait gorge déployée pendant que moi je m'interrogeais sur ma personnalité. "Suis-je bête au point de ne pas comprendre les situations cocasses ? Ou suis-je seulement totalement rabat-joie ? Peut-être suis-je dans un mauvais jour ?". Bref, Crazy Kung-fu ne m'a pas du tout fait rire. Il n'y qu'une seule scène qui a provoqué mon hilarité, en connivence avec la salle, lorsque le héros se prend trois coups de couteau successifs (n'entamant pas son pronostic vital! Une chance!) malencontreusement par son acolyte. Le comique de répétition, chez moi, ça marche toujours.
Revoir le film : oui. J'envisage l'achat en DVD
Conditions : bonnes, une petite salle bien conçue.
Langue : chinois
Post Générique : non
Déjà célèbre sur sa terre natale, Hong Kong, Stephen Chow s'est fait connaître dans le monde entier grâce à un seul film : Shaolin Soccer, un film d'action complètement fou et absurde qui plu aussi en France et particulièrement aux fans d'Olive Et Tom dont ce film pourrait être l'adaptation live. Ce succès est également une preuve, s'il en était besoin, que l'humour venu d'Hong Kong, généralement réputé culturellement inexportable, peut très bien trouver son public hors de ses frontières. Dans le cas de Shaolin Soccer, c'est à tel point que la question du remontage se pose. Rappelons que les frères Weinstein avaient acheté les droits d'exploitation à l'international et ont fait remonter le film, pratique compréhensible pour des hommes d'affaire mais honteuse et irrespectueuse pour ces grands cinéphiles autoproclamés. Ils ne méritent que mon mépris.
Fort de ce succès, il n'est pas étonnant de retrouver l'acteur/réalisateur Stephen Chow aux commandes d'une production avec des capitaux étrangers, Crazy Kung-fu étant produit en parti par la Columbia. Pour autant, Chow ne cherche en rien à occidentaliser son film et raconte une lutte entre maîtres d'arts martiaux retirés sur fond de guerre des Triades dans les années 30. le héros Sing (Stephen Chow qui porte le même nom que dans son précédent film) est un de ces maîtres mais sans le savoir. A priori, le sujet n'a rien à voir avec Shaolin Soccer et la première apparition de Sing dans le film le confirme : après quelques acrobaties improbables avec un ballon de foot, il l'écrase avec mépris!
Mais si le fond a changé, la forme demeure cohérente avec film précédent. Chow semble avoir même trouvé un style propre. Auparavant réservé sur l'utilisation d'effets spéciaux écrasants, le metteur en scène se lâche désormais complètement et explore les possibilités du numérique pour nous livrer un véritable dessin animé live.
Ce désir "cartoonesque" est clair. Outre la volonté de marquer le clivage entre riches et pauvres, les décors superbes et parfaits rappellent, avec un peu plus de vie, des décors que nous pourrions découvrir à Disneyland. Le quartier riche est rempli de façades colorées et variées avec des boutiques de bonbons et des très jolies jeunes femmes toujours en robe. A l'opposé, le quartier pauvre n'est qu'en fait un gros et vieux immeuble, sali proprement avec des femmes aux dents immenses...
Le casting est étonnant. Chow s'est arrangé pour réunir une brochette de "gueules" qui pourraient sortir tout droit d'un dessin animé. La distribution des rôles est également délirante tant les protagonistes n'ont pas la tête de l'emploi. Les maîtres de Kung-fu sont ici un couple avec une femme dominatrice et colérique et un homme faiblard et dragueur, un tailleur très efféminé ou un vieillard edenté avec quelques longs cheveux visqueux! A l'inverse, le super méchant et chef du gang des haches ne sait pas se battre tandis que le héros n'est au début qu'une enflure chétive et terriblement lâche.
Et bien sur, il y a les effets spéciaux. Ils sont formidables et jouissifs. Sans chercher le réalisme mais ni la facilité, les responsables des FXs livrent un véritable catalogue de l'étendue de leurs talents : explosions dantesques, destruction de décors, personnages dans les airs, animaux entièrement de synthèse (les serpents et les crapauds sont totalement faux, ça m'a vraiment étonné), fantômes... Crazy Kung-fu est un véritable festival et ses multiples effets visuels fonctionnent parfaitement, certaines scènes lorgnent complètement dans l'hommage à Tex Avery dont le moment le plus évident est cette course folle façon Bip Bip et Coyote.
Tous ces éléments contribuent à transformer le film en une comédie d'action folle. Et drôle, les gags se succédant rapidement tous de plus en plus absurdes et/ou méchants. L'expérience au cinéma de ce film fut particulièrement intéressante car les gags sont variés et les spectateurs, globalement réceptifs, ont réagi de manière très différentes. Par exemple, comme dans Shaolin Soccer, la surenchère visuelle lors des combats m'a presque ennuyé ce qui ne fut visiblement pas le cas pour d'autres spectateurs.. Explorer un univers sans limite de pesanteur et de force est un peu saoulant. C'est l'effet Dragon Ball : on trouvera toujours un ennemi encore plus puissant (pour rappel, au fil des 20 tomes que j'ai lu du manga, la force du héros passe de 100 à... 500000!). Epuisant à force et de moins en moins étonnant.
Au contraire, les moments où la propriétaire coupe l'eau à ses locataires ou le vol sordide de la sucette par le héros m'ont vraiment fait marrer tandis que la salle restait plutôt muette. C'est pour ce genre de scènes que j'ai apprécié autant ce film. Enfin, un gag fédérateur à retenir, un des plus grands moments comique de ces dernières années : la séquence du lancer de couteaux où la maladresse du héros et de son acolyte les contraint à battre en retraite avec plusieurs blessures et autre morsures de serpent.
Quant à l'histoire, elle n'est pas très originale mais elle fourmille de petites idées parfois saugrenues et Chow pratique habilement la rupture de ton partant d'une introduction plutôt violente pour alterner avec des scènes de comédie pure, de danse mais aussi avec des moments dramatiques (l'enfance du héros) et touchants. On n'est pas non plus très loin du film chorale le héros étant étonnamment peu présent dans le film (pour un héros). C''est tout à l'honneur de Chow qui ne tire la couverture vers lui que sur la fin.
Crazy Kung-fu est donc un très bon film et confirme tout le bien que je pensais de Stephen Chow qui a livré avec ce film de l'entertainment totalement déjanté et vraiment original. Un vrai et grand Chow. Oh oh, excellent le jeu de mots.
La scène qui tue : les couteaux. Vraiment. Voir le héros lancer un couteau qui revient se planter dans son épaule est hilarant. Chow est vraiment marrant.
Ce que ma copine en a pensé : Alors Crazy Kung-fu m'a posé un véritable problème d'identité. Pour la première fois, une salle de cinéma entièrement remplie riait gorge déployée pendant que moi je m'interrogeais sur ma personnalité. "Suis-je bête au point de ne pas comprendre les situations cocasses ? Ou suis-je seulement totalement rabat-joie ? Peut-être suis-je dans un mauvais jour ?". Bref, Crazy Kung-fu ne m'a pas du tout fait rire. Il n'y qu'une seule scène qui a provoqué mon hilarité, en connivence avec la salle, lorsque le héros se prend trois coups de couteau successifs (n'entamant pas son pronostic vital! Une chance!) malencontreusement par son acolyte. Le comique de répétition, chez moi, ça marche toujours.
Revoir le film : oui. J'envisage l'achat en DVD
Absolument d'accord avec ta critique. Shaolin Soccer m'avait laissé sur ma faim, ais Crazy Kung Fu c'est vraiment du Tex Avery à la sauce Hong-Kongaise. Ce qui m'a fait le plus rires ce sont les références aux films occidentaux, comme celle à Spiderman. Les effets spéciaux sont vraiment jouissifs et font appel au côt bassement destructeur que chaque enfant a pu avoir pendant qu'il ravageait sa collection de Lego en marchant dessus et en martyrisant les habitants du chateau/de la base spatiale/ ou autres.
Pour l'achat en dvd, l'import est possible à un prix modique, dépassant tout juste le prix d'une place de cinéma en plein tarif, mais il faut savoir lire les sous titres en anglais :-) .
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