Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

Charlie Et La Chocolaterie

Vu le 13/7/2005 à l'UGC Maillot salle 4
Langue : anglais
Conditions : correctes. Un mec à grosse tête a assez fait chier ma soeur.
Post Générique : non. Si, un petit truc quand même.

Le pauvre d'argent mais riche de coeur Charlie Bucket n'a qu'un rêve : gagner un concours pour pouvoir visiter la célèbre chocolaterie du mystérieux Willy Wonka. Très mystérieux d'autant plus que ses procédés de fabrication du chocolat qui l'a rendu célèbre sont atypiques.

Et encore un livre que je n'ai pas lu. A croire que je ne lis rien. Pourtant, pas plus tard qu'en ce moment, je lis Congo de Michaël Crichton et il y a bien eu une adaptation, raté paraît-il. Mais revenons à ce Charlie Et La Chocolaterie. Tim Burton est un grand fan du roman de Roald Dahl. Bien que tous les réalisateurs embrigadés, le projet n'a pas été initié par le réalisateur, dans des adaptations s'autoproclament facilement fan number one du roman adapté, je crois volontiers à l'amour qu'il porte au livre.

Le contexte n'est pourtant pas à son avantage. Les deux derniers films de Burton sonnent comme un virage. La Planète Des Singes est une sage production hollywoodienne certes traversée de quelques fulgurances, comme ce magnifique personnage d'Ari interprété par Helena Bonham Carter, mais sage quand même. Ceux qui ne l'ont pas vu peuvent savourer la magnifique bande-annnonce. Plus gênant fut Big Fish, un film rose bonbon où le sens artistique du metteur en scène semble avoir fondu dans le moule hollywoodien le plus anonyme. Les vingts dernières minutes, stupéfiantes et dignes, où le fils finit par rentrer dans le jeu de son père sauvent un peu la mise.

J'attendais donc légèrement craintif Charlie Et La Chocolaterie au tournant d'autant plus que certaines bande-annonces laissaient entrevoir une histoire plutôt édifiante, dans le mauvais sens du terme. Tim Burton s'est cependant entouré de sa garde rapprochée et de talents : Johnny Deep interprète le malicieux Willy Wonka, Danny Elfman est encore une fois à la musique et sa muse du moment, Helena Bonham Carter, joue la maman de Charlie Bucket.

Saluons la réussite plastique et technique du film. Passé un superbe générique autour de tablettes de chocolats, Charlie Et La Chocolaterie offre des visions colorées, variées et surprenantes : lit double avec quatre grand-parents, fleuve de chocolat, montagne en caramel, ascenseur avion, écureuils ouvreurs de noix... chaque détail témoigne du savoir faire du réalisateur qui prouve qu'il n'a pas perdu la main. A ce titre, la présentation des gamins gagnants du concours est savoureuse et servie par des seconds rôles judicieux, particulièrement Missy Pile en maman majorette.

Saluons aussi les Oompas Loompas. Dans une performance sidérante, Deep Roy joue toute une tribu naine (165 rôles!) amatrice de chocolat et pratiquant toutes les professions délirantes nécessaires au bon fonctionnement de la chocolaterie : psychologue, chef de tribu, jardinier, scientifique, coiffeur, conteur, alpiniste... Ainsi que danseur et chanteur. En effet, le film est parsemé de plusieurs passages musicaux, malheureusement peu entraînants.


Willy Wonka, Willy Wonka,
He's the one that you're about to meet,
Willy Wonka, Willy Wonka,
He's a genius who just can't be beat...

Et c'est sur cet air enchanteur que nous découvrons Willy Wonka, spectateur enthousiaste de cette chanson que lui interprètent une troupe de marionnettes. Un numéro qui se terminera mal et qui sera à la base de la création au sein de son usine d'un... hôpital des grands brûlés! Willy Wonka aime ça, les numéros qui terminent sur une touche un peu morbide. Il est aussi un esprit naïf et avide d'aventures, un génie délirant dont les inventions farfelues permettent de fabriquer son chocolat. Peu à peu, la face plus sombre du personnage est abordée. Willy Wonka est un cynique un peu cruel et hanté par son triste passé. Alors qu'il aurait pu se faire voler la vedette par Deep Roy, Johnny Deep s'impose dans ce personnage haut en couleur et rock'n roll, Burton tirant le meilleur de l'acteur.

Charlie Et La Chocolaterie a donc tout pour plaire et sous certains aspects m'a beaucoup plu. Pourtant l'histoire m'a gêné. Car, dans Charlie Et La Chocolaterie, on juge. Dans un élan de mièvrerie tout assumé, mais pas plus acceptable pour autant, nous savons d'avance que le gentil enfant au grand coeur gagnera à la fin, tandis que les autres enfants, tous monstrueux dans leur genre, seront battus. Jusqu'ici, rien d'étonnant. Mais dans les immenses lieux de l'usine, ces petits demons seront confrontés à leurs faiblesses : envie, gourmandise, orgueil... (pour un peu, c'est Seven dis-donc) et subiront des épreuves dont ils ne sortiront pas physiquement indemnes.

Même si ce n'est pas le Burton que je préfère, nous connaissons tous le réalisateur pour son goût de la caricature outrancière des travers de notre société consumériste. Mais ici, difficile de voir dans ces tortures un mauvais esprit farouche, poussé à l'extrême dans Mars Attacks, mais plutôt une certaine complaisance à punir cruellement les "méchants" tout ça pour obtenir l'adhésion d'un auditoire trop heureux de voir ces démons remis à leur place sans autre forme de procès. C'est ce qui s'appelle tomber dans la facilité, Burton n'évoquant plus la rédemption, ou une simple constatation, mais la condamnation.

Déplaisant donc. Par chance, nous retrouvons la patte de l'auteur dans le traitement de l'histoire avec l'introduction du père de Willy Wonka dont le passé semble écrasé par sa relation avec lui d'où ces flash back tristes et poétiques qui ponctuent le film. Très bonne idée : Epaulé par une interprétation exceptionnelle de Chistopher Lee dans le rôle du père, ces quelques moments sont les meilleurs du film, les moins sucrés et, comme par hasard, les plus émouvants. Mais il faut bien se raccrocher à la trame initiale, véritablement mièvre, et au destin du pauvre Charlie Bucket. Ce dernier aidera donc Willy Wonka à s'ouvrir aux autres. S'ouvrir est un bien grand mot car Willy Wonka n'essaiera pas de s'adapter au monde. La fin laisse penser tout le contraire.

Une fin curieuse où Wonka trouve un foyer, ou plutôt, c'est le foyer, toute une famille, qui vient à lui et qui doit s'adapter à son univers. Comme beaucoup de conclusion de films, dernièrement La Guerre Des Mondes, les interprétations sont multiples mais beaucoup (il suffit de lire la revue de presse d'Allociné sur le film) ont vu dans cette conclusion un refus de se soumettre à la réalité du monde, un éloge de l'enfance et de l'imaginaire. Je vois dans tout ceci surtout un trop grand respect pour la personnalité de l'auteur et une morale douteuse : faut-il vivre à Disneyland pour être heureux? En même temps, ce n'est qu'une fable, ça ne vaut pas le coup de chercher de la politique dans tout ça... peut-être.

Mais je ne peux que rejoindre Wild Bill Kelso dans son excellente critique. Truffé de qualités, d'éléments bizarres et de scènes réussies, le film est peut-être meilleur dans l'ensemble que Big Fish. Mais Charlie Et La Chocolaterie ne nous permet cependant pas de retrouver l'admirateur du tendrement illuminé Ed Wood, l'amoureux des monstres tragiques de Batman Le Défi, le sale gosse qui casse tout dans Mars Attacks. Non, nous ne trouvons qu'un faiseur, un très bon évidemment, mais consensuel. La page serait-elle vraiment tournée? En tout cas, un autre film pour enfant, Les Désastreuses Aventures Des Orphelins Baudelaire, est pour moi bien meilleur.

La scène qui tue : lorsque Wonka quitte son père, celui-ci le prévient qu'il ne sera plus là à son retour. C'est le cas : la maison disparaît! Triste et drôle à la fois. Superbe.

Ce que m'a copine en a pensé : Une mère de famille m'a demandé récemment si Charlie et la Chocolaterie était un film abordable par son fils de 5 ans, c’est à dire sans violence, ni trucs glauques. Mais bien sûr ! C'est un film tout public. Seulement le personnage de Willie Wonka incarné par Johnny Depp dérange un peu dans la masse des films pour enfants. Nous ne sommes pas habitués aux personnages décalés et forcément dès qu’il y en a un dans un film avec des vêtements et des lunettes un peu étranges, nous nous inquiétons pour nos enfants. Bref, nous sommes devenus tous trop politiquement correct. Mais, les histoires pour enfants contiennent toutes des personnages horribles : la marâtre de Cendrillon, la vilaine sorcière de Blanche-Neige… Les enfants ont besoin de se faire peur, tant qu’un adulte les accompagne pour les rassurer. Bref, Charlie et la Chocolaterie est un film tout public et un film dont l’histoire est captivante. Un seul enfant sur les cinq choisis gagnera un énorme cadeau après avoir passé des épreuves dans la chocolaterie. Au fil de ces épreuves, Willie Wonka fait découvrir aux enfants sa chocolaterie, véritable laboratoire à nouvelles expériences gustatives, qu’il n’avait pas ouverte au public depuis des années. Au cours de cette promenade, ils pourront observer la rivière et la chute de chocolat, goûter au chewingum « entrée – plat – dessert », ou rencontrer les écureuils qui cassent les noisettes des futures tablettes de chocolat. Ce film est un vrai délice !

Revoir le film : peut-être. C'est un Tim Burton :)

« Home | Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »

By Anonymous Anonymous, at 6:14 AM  

une petite remarque, je ne sais pas si tu as vu aussi l'etrange Noel de Monsieur Jacques, du meme realisateur, a voir parce que Willy Wonka m'a rappelé beaucoup de choses. surtout cette humour a 2 temps, qui peut etre compris d'une façon par un enfant et d'une autre par un adulte.  



By Blogger Aska, at 3:38 AM  

Oui j'ai vu également le merveilleux
Etrange Noel De Monsieur Jack il y a une dizaine d'années et je rêve maintenant de le revoir.

Ceci étant dit, je ne suis pas très à l'aise dans cet humour à deux temps. Les films sincères n'ont pas besoin de ce double sens.

Pour la petite histoire, L'Etrange Noel De Monsieur Jack n'a pas été réalisé par Tim Burton, ici producteur et scénariste, mais par l'estimable Henry Selick.  



» Post a Comment