H2G2 - Le Guide Du Voyageur Galaticque
Vu le 23/8/2005 à l'UGC Normandie Salle 1
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post Générique : oui, au milieu du générique, il est très très drôle.
Enfin une adaptation dont j'ai lu le livre! Deux fois même. J'ai relu l'oeuvre de Douglas Adams quelques jours avant la sortie de H2G2 - Hitchhiker's Guide To The Galaxy. Par contre, je n'ai pas vu la série télé, paraît-il excellente. Un livre culte. L'emploi de ce mot n'est pas usurpé pour ce récit de science fiction délirant et absurde, philosophique, on y trouve par exemple la "preuve" que Dieu n'existe pas, et humoristique.
Un résumé nul : Arthur a un ami nommé Ford. Il apprend que ce dernier est en fait un extraterrestre au moment où la terre va être détruite par les aliens-poètes Vogons. Ils ont tout deux juste le temps de s'enfuir et partir avec le président de l'univers, sa compagne et un robot triste à la recherche du secret de la vie, de l'univers et tout le reste. Un voyage semé d'embûches où l'aide du Guide Galactique, une sorte de guide du routard pour l'univers, sera indispensable tout comme la nécessité d'avoir une serviette.
Tirer un scénario cohérent de ceci, et encore, je n'ai cité qu'une vague trame, ou du moins abordable par un spectateur non initié relève du challenge et du gros budget.
Ce n'était donc pas si étonnant qu'H2G2 fût en Developpement Hell depuis plus de 20 ans. Dès la sortie du livre, Ivan Reitman voulait l'adapter puis jeta son dévolu sur Ghostbusters, ce qui n'est certainement pas pour autant un mauvais calcul. Douglas Adams y consacra lui-même beaucoup de temps peaufinant à plusieurs reprises un scénario pour le cinéma en ajoutant des éléments dont certains sont utilisés dans le film comme le pistolet à point de vue (hilarant) ou le personnage d'Humma Kavula écrit pour John Malkovitch (qui accepta bien entendu le rôle). Mais le projet traîne et ses nombreuses désillusions sur le monde du cinéma lui feront dire qu'essayer de faire un film à Hollywood est comme "essayer de faire cuire un steak en invitant une multitude de personnes à venir souffler dessus.". Pas facile, donc.
Tristement et un peu ironiquement, l'un des producteurs, Robbie Stamp, avouera que ce qui donna une nouvelle impulsion au projet fut la mort abrupt de l'auteur. En 2001, tout s'enchaîne donc assez vite. Un script, par Karey Kirkpatrick (Chicken Run notamment mais aussi des titres moins glorieux comme Little Vampire ou une suite de Chérie, J'Ai Rétréci Les Gosses), est enfin prêt et lancé sur le marché. Sous le parrainage de Spike Jonze, deux génies du clip acceptent le défi pour un budget d'à peine cinquante millions de dollars : Garth Jennings comme réalisateur et Nick Goldsmith comme producteur. Imdb me dit qu'ils ont réalisé un clip qui m'a beaucoup marqué : Coffee And TV de Blur. Bonne pioche alors. Et ce sont des fans de la première heure du livre mais tout le monde dit ça.
Les affirmations, c'est donc bien joli, encore faut-il voir le résultat à l'écran. Et il est plutôt positif. Est-ce que le film est surtout destiné aux fans? Certainement. Est-il abordable pour tous les publics? Je n'en suis pas sur, plusieurs couples auraient quitté la salle pendant la séance, mais à vrai dire je m'en fous. Les auteurs ont fait des choix judicieux et ont développé un design ingénieux si bien que tout le budget semble bien utilisé : le film n'a rien de cheap et rivalise sans problème avec des productions à gros budget.
H2G2 n'a que peu de fautes de goût et ne devrait pas hérisser les fans. Si les vols du vaisseau Coeur-En-Or n'est pas aussi démesuré que sa description dans le livre, le déclenchement du champ d'improbabilité ou l'ordinateur central sont toujours drôles. L'univers des Vogons est très réussi que ce soit leur gueule avec des costumes étriqués de rond de cuir du siècle dernier ou leur planète grise et fonctionnelle.
Quant au Guide Galactique en lui-même, il est joliment (et pompeusement) introduit et les explications qu'il contient sont sporadiquement données dans le film par le biais de jolies animations et une voix off. Ce choix apparaît finalement comme le traitement le plus naturel.
La silhouette du robot dépressif Marvin (joué par Warwick Davis, héros de Willow. Il a en outre une filmographie assez imposante) m'a particulièrement plu avec sa grosse tête et son aspect lourd, pour ne pas dire pesant. Et dans le registre de la dépression, la voix d'Alan Rickman s'impose totalement. Jamais casting fut plus judicieux.
Et si parfois on ne peut restituer tout l'absurde et toute l'essence du roman qu'à travers une voix off, H2G2 sait aussi utiliser l'image pour ajouter des gags idiots : Remplissage des océans avec des (petits) tuyaux d'arrosage, crabes peureux dont sont amateurs les Vogons, tapettes anti-idées... L'ensemble est finalement fidèle à l'esprit du livre ou plutôt, ma vision du livre rejoint celle des auteurs. Du coup, tout ce qu'ils ont pu apporter eux-mêmes au film m'a globalement plu même si, devant le nombre de décors, de lieux et de sous intrigues, on n'échappe pas à quelques baisses de rythme.
Curieusement, dans cette débauche d'événements absurdes, certains éléments du film sortent de l'humour pur à commencer par la destruction de la terre. Si le ton du film comme du livre est à la plaisanterie, entendre la foule crier et paniquer et voir la terre disparaître dans un bruit étouffé m'a fait froid dans le dos. C'est quand même la destruction de toute l'humanité. Je suppose que le cinéma a plus d'impact sur moi que les livres pour ce genre de choses.
D'autres trouvailles de l'auteur se révèlent à l'écran plutôt contemplatives. La planète Magrathea est superbe et particulièrement cette visite dans l'atelier de construction de planètes visuellement absolument belle. Du beau travail.
Pour le casting, Sam Rockell joue un Zaphod égocentrique toujours séducteur, toujours à côté de la plaque, toujours bête. Il en ressort cette amusante impression que l'acteur ne joue pas sur le même ton que ceux qui l'entourent. Les autres acteurs sont ordinaires mais charmants. C'est peut-être Mos Def, excité et aérien, qui tire son épingle du jeu.
Signalons enfin la chanson des dauphins par un Neil Hannon très en phase avec le style qu'il avait initié à ses débuts sous le nom de The Divine Comedy (deux grands albums : Promenade et Casanova)
J'ai souvent lu que cette adaptation était sage. Respectueuse du travail de Douglas Adams en tout cas. Les auteurs n'avaient certainement pas envie de louper leur coup et peut-être ont-ils eu peur d'être en peine pour restituer le monde de l'écrivain. Dans le genre, on se souvient de l'adaptation proprette de Chris Colombus pour les deux premiers Harry Potter. Alfonso Cuaron, pour le troisième, fonça dans le tas et livra un film exceptionnel.
Garth Jennings and Nick Goldsmith se situent entre les deux. Sans s'être véritablement lâchés, ils sont malgré tout parvenu à prendre des décisions narratives, à imposer des décors et ajouter des détails idiots durant tout le récit. Et ils ont su surmonter les difficultés d'une telle adaptation pour faire qu'H2G2 ne soit pas un film coincé et écrasé par les centaines d'idées qui sont dans le livre mais un bien beau spectacle, stylé et vivant.
La scène qui tue : sur la planète Vogon, le vaisseau d'Arthur atterrit dans une carrière grise. Au premier plan, un crabe s'avance vers eux tout joyeux et sautillant en criant quelque chose comme "Ouuuuuuuuuuuiiiiiiii". Il se fait écraser par la porte du vaisseau. Moi ça me fait mourir de rire.
Revoir le film : oui.
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post Générique : oui, au milieu du générique, il est très très drôle.
Enfin une adaptation dont j'ai lu le livre! Deux fois même. J'ai relu l'oeuvre de Douglas Adams quelques jours avant la sortie de H2G2 - Hitchhiker's Guide To The Galaxy. Par contre, je n'ai pas vu la série télé, paraît-il excellente. Un livre culte. L'emploi de ce mot n'est pas usurpé pour ce récit de science fiction délirant et absurde, philosophique, on y trouve par exemple la "preuve" que Dieu n'existe pas, et humoristique.
Un résumé nul : Arthur a un ami nommé Ford. Il apprend que ce dernier est en fait un extraterrestre au moment où la terre va être détruite par les aliens-poètes Vogons. Ils ont tout deux juste le temps de s'enfuir et partir avec le président de l'univers, sa compagne et un robot triste à la recherche du secret de la vie, de l'univers et tout le reste. Un voyage semé d'embûches où l'aide du Guide Galactique, une sorte de guide du routard pour l'univers, sera indispensable tout comme la nécessité d'avoir une serviette.
Tirer un scénario cohérent de ceci, et encore, je n'ai cité qu'une vague trame, ou du moins abordable par un spectateur non initié relève du challenge et du gros budget.
Ce n'était donc pas si étonnant qu'H2G2 fût en Developpement Hell depuis plus de 20 ans. Dès la sortie du livre, Ivan Reitman voulait l'adapter puis jeta son dévolu sur Ghostbusters, ce qui n'est certainement pas pour autant un mauvais calcul. Douglas Adams y consacra lui-même beaucoup de temps peaufinant à plusieurs reprises un scénario pour le cinéma en ajoutant des éléments dont certains sont utilisés dans le film comme le pistolet à point de vue (hilarant) ou le personnage d'Humma Kavula écrit pour John Malkovitch (qui accepta bien entendu le rôle). Mais le projet traîne et ses nombreuses désillusions sur le monde du cinéma lui feront dire qu'essayer de faire un film à Hollywood est comme "essayer de faire cuire un steak en invitant une multitude de personnes à venir souffler dessus.". Pas facile, donc.
Tristement et un peu ironiquement, l'un des producteurs, Robbie Stamp, avouera que ce qui donna une nouvelle impulsion au projet fut la mort abrupt de l'auteur. En 2001, tout s'enchaîne donc assez vite. Un script, par Karey Kirkpatrick (Chicken Run notamment mais aussi des titres moins glorieux comme Little Vampire ou une suite de Chérie, J'Ai Rétréci Les Gosses), est enfin prêt et lancé sur le marché. Sous le parrainage de Spike Jonze, deux génies du clip acceptent le défi pour un budget d'à peine cinquante millions de dollars : Garth Jennings comme réalisateur et Nick Goldsmith comme producteur. Imdb me dit qu'ils ont réalisé un clip qui m'a beaucoup marqué : Coffee And TV de Blur. Bonne pioche alors. Et ce sont des fans de la première heure du livre mais tout le monde dit ça.
Les affirmations, c'est donc bien joli, encore faut-il voir le résultat à l'écran. Et il est plutôt positif. Est-ce que le film est surtout destiné aux fans? Certainement. Est-il abordable pour tous les publics? Je n'en suis pas sur, plusieurs couples auraient quitté la salle pendant la séance, mais à vrai dire je m'en fous. Les auteurs ont fait des choix judicieux et ont développé un design ingénieux si bien que tout le budget semble bien utilisé : le film n'a rien de cheap et rivalise sans problème avec des productions à gros budget.
H2G2 n'a que peu de fautes de goût et ne devrait pas hérisser les fans. Si les vols du vaisseau Coeur-En-Or n'est pas aussi démesuré que sa description dans le livre, le déclenchement du champ d'improbabilité ou l'ordinateur central sont toujours drôles. L'univers des Vogons est très réussi que ce soit leur gueule avec des costumes étriqués de rond de cuir du siècle dernier ou leur planète grise et fonctionnelle.
Quant au Guide Galactique en lui-même, il est joliment (et pompeusement) introduit et les explications qu'il contient sont sporadiquement données dans le film par le biais de jolies animations et une voix off. Ce choix apparaît finalement comme le traitement le plus naturel.
La silhouette du robot dépressif Marvin (joué par Warwick Davis, héros de Willow. Il a en outre une filmographie assez imposante) m'a particulièrement plu avec sa grosse tête et son aspect lourd, pour ne pas dire pesant. Et dans le registre de la dépression, la voix d'Alan Rickman s'impose totalement. Jamais casting fut plus judicieux.
Et si parfois on ne peut restituer tout l'absurde et toute l'essence du roman qu'à travers une voix off, H2G2 sait aussi utiliser l'image pour ajouter des gags idiots : Remplissage des océans avec des (petits) tuyaux d'arrosage, crabes peureux dont sont amateurs les Vogons, tapettes anti-idées... L'ensemble est finalement fidèle à l'esprit du livre ou plutôt, ma vision du livre rejoint celle des auteurs. Du coup, tout ce qu'ils ont pu apporter eux-mêmes au film m'a globalement plu même si, devant le nombre de décors, de lieux et de sous intrigues, on n'échappe pas à quelques baisses de rythme.
Curieusement, dans cette débauche d'événements absurdes, certains éléments du film sortent de l'humour pur à commencer par la destruction de la terre. Si le ton du film comme du livre est à la plaisanterie, entendre la foule crier et paniquer et voir la terre disparaître dans un bruit étouffé m'a fait froid dans le dos. C'est quand même la destruction de toute l'humanité. Je suppose que le cinéma a plus d'impact sur moi que les livres pour ce genre de choses.
D'autres trouvailles de l'auteur se révèlent à l'écran plutôt contemplatives. La planète Magrathea est superbe et particulièrement cette visite dans l'atelier de construction de planètes visuellement absolument belle. Du beau travail.
Pour le casting, Sam Rockell joue un Zaphod égocentrique toujours séducteur, toujours à côté de la plaque, toujours bête. Il en ressort cette amusante impression que l'acteur ne joue pas sur le même ton que ceux qui l'entourent. Les autres acteurs sont ordinaires mais charmants. C'est peut-être Mos Def, excité et aérien, qui tire son épingle du jeu.
Signalons enfin la chanson des dauphins par un Neil Hannon très en phase avec le style qu'il avait initié à ses débuts sous le nom de The Divine Comedy (deux grands albums : Promenade et Casanova)
J'ai souvent lu que cette adaptation était sage. Respectueuse du travail de Douglas Adams en tout cas. Les auteurs n'avaient certainement pas envie de louper leur coup et peut-être ont-ils eu peur d'être en peine pour restituer le monde de l'écrivain. Dans le genre, on se souvient de l'adaptation proprette de Chris Colombus pour les deux premiers Harry Potter. Alfonso Cuaron, pour le troisième, fonça dans le tas et livra un film exceptionnel.
Garth Jennings and Nick Goldsmith se situent entre les deux. Sans s'être véritablement lâchés, ils sont malgré tout parvenu à prendre des décisions narratives, à imposer des décors et ajouter des détails idiots durant tout le récit. Et ils ont su surmonter les difficultés d'une telle adaptation pour faire qu'H2G2 ne soit pas un film coincé et écrasé par les centaines d'idées qui sont dans le livre mais un bien beau spectacle, stylé et vivant.
La scène qui tue : sur la planète Vogon, le vaisseau d'Arthur atterrit dans une carrière grise. Au premier plan, un crabe s'avance vers eux tout joyeux et sautillant en criant quelque chose comme "Ouuuuuuuuuuuiiiiiiii". Il se fait écraser par la porte du vaisseau. Moi ça me fait mourir de rire.
Revoir le film : oui.
Certainement LE film de l'année... en tout cas, celui qui m'a fait le plus rire !
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