Night Watch
Vu le 3/10/2005 à l'UGC George V salle 3
Langue : russe. A noter un prologue en Anglais
Conditions : correcte
Post Générique : oui, un bus fonce contre un homme... qui le stoppe brutalement. Joli effet pour une scène coupée au montage ou alors inclue dans la suite du film déjà en post-production.
L'histoire en une phrase : la trêve entre les forces du Bien et celles du Mal est de plus en plus mis à mal depuis l'arrivée de ce qui pourrait être un élu.
La tentative est belle. Night Watch est une assez grosse production russe, adaptation d'un roman à succès. Pas si gros budget que ça quand même, d'après Imdb, le film a coûté 4.2 millions de dollars. Mais c'est une production ambitieuse car elle est le premier opus d'une trilogie et raconte une histoire universelle, la lutte explicite entre le Bien et le Mal.
Pari (financièrement) réussi, le film est un gros succès en Russie. Le succès est moins évident dans le reste du monde mais assez encourageant pour mettre en chantier les suites annoncées.
Night Watch raconte l'histoire d'un homme, Anton (Konstantin Khabensky), qui a un don : il voit les Night Watch, guerriers du Bien, et les Day Watch, guerriers du Mal (si j'ai bien compris, je dois avouer que je n'ai pas saisi certains aspects de l'univers). Son travail est de maintenir l'équilibre entre le Bien et le Mal (comme traquer des vampires un peu trop avides de sang). Son histoire personnelle va peu à peu s'interposer.
Et l'histoire d'Anton, son histoire, semble être destinée à devenir le moteur de la trilogie. Mais pour étoffer son récit, le réalisateur Timur Bekmambetov ajoute une sous-intrigue autour d'une femme poursuivie par le mauvais sort, histoire plutôt intéressante mais malheureusement elle ne rejoindra jamais vraiment cette grande histoire. Avec le recul, cette histoire un peu trop mis en avant sonne comme une fausse piste, une frustration.
Ce n'est pas la seule. L'introduction donnait un ton grandiose, épique au film. Timur Bekmambetov semblait annoncer que Night Watch serait un film d'Heroic Fantasy moderne (le genre c'est Modern Fantasy je crois).
Reconnu comme grand faiseur de clip, le réalisateur sait soigner ses effets spéciaux et visuels qui sont réussis. On peut même être subjugué par quelques bons trucs comme la transformation chaotique du hibou. Mais l'accumulation de flitres, d'images stylées sans cohérence et le montage cut fatiguent. Bekmambetov sature son bébé de mouvements généralement sans queue ni tête ni jolis ni élégants mais injustifiés et soûlant. La musique est parfois bonne et même lyrique mais trop teintée de hard Rock. L'action déçoit également. Trop nombreuses, les séquences mouvementées sont trop saccadées et mal rythmées. Brouillon et sans intérêt.
En un mot comme en cent, Bekmambetov a globalement raté sa réalisation. L'épique a du plomb dans l'aile... Mais décidément, la tentative est belle. Les batailles Mal contre Bien, apparemment confuses, se révèlent passionnantes. Anton, un nouveau "héros malgré lui" complètement désabusé, est plutôt intéressant : il est un humain enrôlé dans un combat pour le bien alors qu'il se préparait à faire le mal en tuant par sorcellerie l'enfant que portait son ex-copine.
Et côté design, c'est inventif, l'ultra technologique (la vie des gens est informatisée) est mélangée à un environnement crade et repoussant. Les décors d'un Moscou comme post apocalyptique apportent une excellente ambiance à cette trêve Bien/Mal de plus en plus compromise où les règles la régissant sont transgressées.
Enfin, c'est surtout la fin qui tire le film vers le haut. Superbe et fataliste, elle révèle une problématique du choix douloureuse où les actes des héros sont jugés. L'ombre de Star Wars, dans ce que la série a de plus mythologique, plane alors de belle manière.
Night Watch est un film qui manque de maîtrise et trop bordélique pour être épique et pour être totalement convaincant. Mais l'univers et le récit évoqués, souvent passionnants, intriguent suffisamment pour nous donner envie d'en savoir plus, pour nous donner envie de voir Day Watch.
La Scène qui tue : l'effet spécial où l'épée sort de la colonne vertébrale d'un homme est surprenante. Le duel qui suit est passionnant comme une belle tragédie.
Revoir le film : oui, je pense acheter le DVD.