Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

The President's Last Bang

Vu le 11/10/2005 à l'UGC Bienvenue Salle 1
Langue : Coréen
Conditions : correctes. J'avais déjà vu Final Cut dans cette salle. Là encore, il y a très peu de monde.
Post Générique : non

L'histoire en une phrase : la dernière soirée du président de Corée de Sud Park Chung-hee en 1979 révèle complots et coups de sang.

Attention : dans ce commentaire, je dévoile quelques éléments du film comme la personne qui assassine le président. Je ne sais pas si on peut parler de spoiler vu que c'est une histoire vraie mais bon voilà, vous êtes prévenus...

The President's Last Bang serait donc un film historique. Il est toujours intéressant de voir des auteurs revenir sur l'histoire, ici récente, de leur pays, ici la Corée du Sud. Au détour de quelques scènes, le réalisateur Im Sang-soo revient sur cette époque où le culte de la personnalité et de la nation (l'hymne national passe dans la rue et toute la population s'arrête pour écouter solennellement) et la violence ordinaire de l'état (passages à tabac dans les commissariats) règnent.
Pour la simple réalité historique, notons que le film prête beaucoup à controverse notamment sur la personnalité du président Park Chung-hee. Ne boudons pas notre plaisir de spectateur pour autant.

Le déroulement est chronologiquement linéaire mais certainement pas prévisible. Il permet mieux d'apprécier la portée historique du récit, de nous y intéresser. La mise en scène de Im Sang-soo est donc sans fioriture mais non sans surprises et met en valeur le beau et sérieux sujet politique, centrée sur l'assassinat du Président/dictateur. Elle est élégante aussi avec quelques beaux travelling, un joli plan séquence (truquée) autour de la cuisine et surtout la longue séquence de l'assassinat, violente, proche du gore mais très précise et parfaitement découpée.

Le contexte de cette mise à mort est vraiment particulier : Park Chung-hee dîne tranquillement entouré des grands pontes de l'état mais également d'une prostituée et d'une chanteuse à la mode qui a été "invitée" abruptement pour pousser la chansonnette! Un dîner semble t'il banal où s'entremêlent des discussions géopolitiques, un curieux amour pour le Japon (le président a servi sous l'armée japonaise) et une inquiétante infantilisation du président couché dans les bras de la prostituée.

C'est en coulisse que se prépare un complot fomenté par le directeur de la KCIA, un des personnages les plus curieux du film. Proche du président mais se sentant constamment humilié, ses motivations pour mettre fin à la vie du président demeurent peu claires : veut-il vraiment changer pour un système plus démocratique ou agit-il sur un coup de tête, abusé par ces humiliations et le conseil de son médecin de prendre sa retraite? Im Sang-soo ne décrit pas des grandes figures mais des hommes d'état parfois lâches, presque séniles ou proches de l'incompétence. Des défauts qui conduisent à des situations ubuesques lorsque le chef de la défense n'est même pas reconnu à l'entrée de son Quartier Générale ou lorsque nous assistons à la désignation d'un successeur peu prompt à assumer sa nouvelle tâche.

Cette aisance presque insolente qu'a Im Sang-soo a introduire des touches d'humour dans des situations qui n'y prêtent guère, surtout pour un film historique, et le caractère toujours imprévisible du récit se retrouvent dans les quelques film coréens que j'ai vu dont l'excellent Memories Of Murder que je conseille à tous. Je retrouve ici encore ce ton, ou plutôt ce mélange de tons, si particulier, alternance habile de tendresse et violence, humour et drame pur d'où ressort une certaine mélancolie.

Dans cette page d'histoire, Im Sang-soo fait aussi la part belle aux seconds couteaux, aux hommes de l'ombre en tissant des relations fortes entre les personnages, en décrivant leur vie familiale ou en mettant en avant la maladresse et les états d'âmes de beaucoup d'entre eux face à cette situation de crise (Avec leur inefficacité et leur peur à manier correctement une arme, les agents de la KCIA en prennent d'ailleurs vraiment pour leur grade).

Les dernières images, très émouvantes, dressent le destin de ces personnages et introduisent un épilogue abrupte mais prévisible, comme dans Z, l'assassinat ne débouchant pas sur plus de liberté ou de démocratie. Au contraire la situation politique demeura visiblement troublée au-moins jusqu'en 1987. Et peut-être simplement que le réalisateur nous a dépeint, avec talent et avec la volonté de lancer un débat (au-moins en Corée), un système qui a duré trop longtemps et qui finit, sans action extérieure directe, par s'autodétruire.

La scène qui tue : le directeur de la KCIA peu après le meurtre du président qui cherche partout un pistolet à grands cris. Drôle et furieux. Egalement, la figure archiclassique du majordome stoïque ici vraiment réussie!

Revoir le film : oui. C'est un film vraiment intéressant qui passerait sans problème le cap de la deuxième vision.

Mon avis express : avec son style si particulier et résolument original dans le cinéma actuel, le cinéma coréen m'épate une nouvelle fois. The President's Last Bang raconte une page d'histoire passionnante et Im Sang-soo s'empare du sujet avec élégance et un vrai sens de la narration, celui qui captive du début à la fin.

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