Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

The Constant Gardener

Vu le 11/1/2006 à l'UGC Maillot salle 4
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post Générique : non

L'histoire en une phrase : un diplomate enquête sur le mystérieux travail qu'effectuait sa femme, assassinée au Kenya.

Critique :

Fernando Meirelles a réalisé un film majeur en 2003 : La Cité De Dieu où il s'attardait sur la vie dans les favelas brésiliennes. Dans The Constant Gardener, il continue de filmer la pauvreté sans fausse note.
Après Andrew Niccol et son Lord Of War, ou plutôt avant si on suit la chronologie des sorties cinéma, Fernando Meirelles nous amène au coeur de l'Afrique et plus particulièrement au Kenya. Le film a d'ailleurs été tourné sur place. Si le metteur en scène contemple et nous fait contempler les envols d'oiseaux et des paysages sublimes, il ne nous cache pas un quotidien dans la misère, la maladie et la saleté au coeur de bidonvilles avec leurs rivières d'ordures. Et le temps de la course à vélo d'un serveur, il décrit une inégalité forte, le serveur partant de sa misérable hutte pour aller servir le champagne dans une réception de luxe. Nous sommes loin de l'esthétique de carte postale. Et quand Meirelles utilise l'imagerie de la « bonne tribu » dans les terres reculées, il nous dévoile encore une fois une réalité sombre aggravée par la cruauté des hommes (cf l'attaque du village par les pillards).

Son constat ne s'arrêtera pas là car The Constant Gardener raconte une histoire de gros sous sur fond de tests de médicaments foireux, de disparitions multiples, de corruption et de pots de vin. Ce sont alors les industries pharmaceutiques qui sont pointées du doigt, celles qui manipulent le monde dans l'ombre. Le scandale révélé par l'histoire serait vrai mais je n'ai pas trouvé de documentation sérieuse dessus. Cependant, en dehors de cette histoire, il faut reconnaître que le cynisme des fournisseurs de médicaments dans le film est assez dérangeant comme par exemple l'envoi de médicaments périmés en échange de réductions d'impôt. Je trouve toutefois le propos de l'auteur un peu simpliste. Mais passons sur le côté politique ou réaliste du film qui devrait donner lieu à un débat plus pertinent que ce que je pourrais en dire ici.

Nous avons découvert avec La Cité De Dieu que Meirelles savait filmer et raconter une ou plusieurs histoires. Nous retrouvons ici surtout la première qualité. Un style rapide et tremblant, très « sur le vif » mais pas incompréhensible. La narration est quant à elle plutôt classique mais très correcte. Meirelles n'évite cependant pas le symbolisme un peu lourd : lorsque Justin se décide à vraiment agir, il ne porte plus un costume ou une chemise mais un tee-shirt sale et trempée de sueur. Les rôles secondaires sont souvent des personnages qui tombent à pic (le beau frère, le petit génie de l'ordinateur, l'agent secret...).

Plus intéressants, les méchants de l'histoire ne sont réduit qu'à des sociétés et quelques hommes de main. La menace n'en ait que plus grande. Toute la partie européenne de The Constant Gardener est placée dans un fort climat de suspicion, de surveillance de l'aéroport d'arrivée où on conserve le passeport de Justin Quayle jusqu'au voyage en anonyme de Justin en Europe comme filmé continûment à partir de caméras de surveillance. Et l'explication aussi brève qu'implacable de l'assassinat, un coup de téléphone vers un répondeur, résume cette menace puissante et anonyme.

Le personnage de Tessa Quayle semble un peu convenu et surtout casse gueule. Personnellement, ces personnages de jeunes filles canons citoyennes et fortement engagées dans l'activisme et la dénonciation de toutes les injustices de la terre m'énervent au plus haut point. Nous n'échappons pas à un monologue gênant de la fille sur la situation au Moyen Orient où elle révèle son caractère passionnée, et un peu haineux. Une scène clé malgré tout amusante car elle marquera la rencontre entre Justin et Tessa. Par la suite, Tessa s'engagera dans l'aide aux populations pauvres avec ferveur jusqu'à être sur le point de découvrir un scandale sans rien en révéler à son mari. Au point même de souvent le délaisser pour sa cause. Mais ce qui sauve ce personnage c'est son caractère de bourgeoise engagée parfaitement assumée. De fait, elle n'est pas vraiment une sainte, son entêtement la menant non seulement à sa perte mais aussi à des compromissions délicates. Et il faut admettre une chose : au cinéma, comme dans la réalité d'ailleurs, ce personnage de fouille merde entêté et partisan est souvent nécessaire pour faire éclater des vérités gênantes.

Enfin, l'interprétation de Ralph Fiennes en jardinier consciencieux et discret vaut à lui seul le déplacement. Il faut beaucoup de talent pour un acteur charismatique pour jouer la fadeur et la réserve. Fiennes a ce talent. Tout en retenue et en douleur contenue, il se transformera tout au long du film partant du doute vers la lumière.
Car The Constant Gardener nous raconte l'histoire d'un homme qui remonte sur les traces d'une enquête que menait sa femme secrète et passionnée et qui finit par découvrir sous un jour nouveau l'amour qu'elle lui portait. Et cette conclusion, le meilleur de The Constant Gardener, superbement découpée et aussi inéluctable que belle et sensible nous ramène au vrai sujet du film : une histoire d'amour.

La scène qui tue : une scène plutôt anodine mais il y a un nu de Rachel Weisz enceinte et elle est excessivement belle et « réaliste ». Son ventre était pourtant une prothèse. Un excellent boulot alors.

Mon avis express : après le flamboyant La Cité De Dieu, Fernando Mereilles nous parle d'amour au coeur du Kenya et des multinationales corrompues. Parfois lourd, parfois agaçant, un peu simpliste, l'auteur s'en sort grâce à son style vif et ses images sans complaisance de l'Afrique. Et s'il ne signe qu'un thriller seulement convenable, il parvient, avec l'aide de l'excellent Ralph Fiennes, à en faire ressortir une belle histoire d'amour.

Revoir le film : a la télé uniquement.
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By Anonymous Anonymous, at 1:05 PM  

Raconté par Le Carré, c'est bien aussi.  



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