Le Cinéma d'Aska

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Le Monde De Narnia : Chapitre 1 : Le Lion, La Sorcière Blanche et L'Armoire Magique

Vu le 26/12/2005 à l'UGC George V salle 2
Langue : anglais
Conditions : correctes
Post Générique : des images pendant le générique. J'en ai d'ailleurs un peu assez. Soit on met les images après le générique soit avant car là je me suis retrouvé avec tous les nazes qui se pressaient vers la sortie et qui se sont arrêtés sans prendre la peine de se rasseoir, ne nous laissant qu'un champ de vision réduit.

L'histoire en une phrase : en retraite dans une grande maison, quatre frères et soeurs découvrent une armoire menant à un autre monde.

Critique :

Même si ce sont sûrement des impératifs commerciaux et non un désir d'artiste (comme Peter Jackson avec sa trilogie du Seigneur Des Anneaux) qui sont à l'origine de l'adaptation du Monde De Narnia, il ne s'agit pas de bouder son plaisir. La réussite globale de la série des Harry Potter prouve qu'on peut largement concilier les deux. C'est donc sans beaucoup d'a priori que j'ai été voir Le Monde De Narnia dont le marketing fut monstrueux et de longue haleine : et c'est payant, le film cartonne. Plus que King Kong par exemple.

Le réalisateur Andrew Adamson trouve le bon tempo pendant toute la première partie se déroulant pendant la seconde guerre mondiale. Les enfants Pevensie vivent donc les bombardements sur Londres dans la crainte si bien qu'ils sont séparés de leurs parents en campagne vers des familles d'adoption. Bien qu'intéressante, cette page de l'Histoire n'a pas été si développée dans le cinéma récent, ou du moins à ce que j'en ai vu. Elle est en tout cas à l'origine de la meilleure partie de Peter Pan 2. Les Pevensie partent donc vers le Nord et ont plutôt de la chance vu qu'il se retrouve dans une immense maison qui abrite un étonnant secret : un accès au monde de Narnia.

Cette mise en place est plutôt rapide ainsi les séquences rythmée et drôles dans la maison où la magie s'instaure sans mal ainsi que l'alchimie entre frères et soeurs. La première incursion de la cadette dans le monde de Narnia est des plus belles et des plus simples. Elle rencontre tout simplement un humain avec des pattes de cerfs, Tumnus le Faune, près d'un lampadaire au milieu d'une forêt. S'en suit un long dialogue drôle et touchant.
De même, la rencontre entre la Sorcière Blanche avec le jeune Edmund et le jeu de séduction qui suit (à base de loukoums... soit) est parfait. On notera au passage l'excellent casting. Les quatre enfants sont tous très doués et particulièrement Lucy la petite dernière, Georgie Henley, avec un sourire et un naturel enjoleur.
Tilda Swinton est, quant à elle, perfide et diaboliquement séduisante. Chacune de ses scènes, notamment un sacrifice où elle est presque en transe, a du style. Il est en outre remarquable de voir une actrice percée internationalement après ses 40 printemps.

Finalement, jamais Narnia ne s'approchera autant du conte de fée et de la magie enfantine que lors de ces jolies scènes. Car, une fois les quatre enfants embarqués dans cette légende de rois et reines, le récit, pourtant plus mouvementé, s'avère bien convenue et sans relief.
Et un peu confus. L'impression d'immensité qu'évoque Narnia n'est pas abordé à tel point qu'on se demande si le pays ne fait pas qu'un seul jour de marche à pied de long. Il faudra attendre l'apparition du majestueux Aslan pour que le film reprenne un peu de vigueur mais à ce moment les ellipses vont se multiplier.

Vient alors la question de la vraisemblance. Je ne suis pas à proprement parler un « vraisemblant » comme appelait Hitchcock ces personnes que tout le monde connaît : ceux qui rejettent tout de go un film parce que les situations ne sont pas possibles style : « la fille, elle n'aurait pas du reculer, elle est idiote », « un cheval ne peut pas faire un saut d'une telle longueur ». Les plus extrêmes vont jusqu'au « Mais un loup, ça ne parle pas » ou « une marmotte avec une côte de maille, c'est ridicule ». Ceci dit, venant de la part du réalisateur de Shrek, le coup de la marmotte avec la côte de maille, c'est drôle.
Et donc, Le Monde De Narnia n'a bien entendu rien de vraisemblable vu que nous sommes en plein médiéval fantastique. Mais il faut toutefois admettre qu'Adamson nous décrit des enfants volontaires et courageux mais bien maladroits comme le suggère ce combat entre Peter l'aînée et le loup. Et au cours de la grande bataille, Adamson se gardera bien de montrer ce même Peter combattre au corps à corps des Minotaures ou des géants formés au combat. Et finalement, en refusant de faire face à ces incohérences dans le récit, Le Monde De Narnia s'écarte du film d'apprentissage qu'il semblait être tant cette ellipse des enfants devenus guerriers est beaucoup trop lourde et même osée compte tenu de notre appartenance à la génération du « tout tout de suite ». Pour prendre un exemple récent, Harry Potter ne devient pas un super sorcier aux pouvoirs limités en un claquement de doigt. Il demeure avant tout un adolescent malin et courageux.

La scène de bataille apporte quant à elle son lot de réussites et d'échecs. Là encore, Adamson se montre plus à l'aise dans la mise en place que dans l'action. Le bestiaire chez les gentils comme chez les méchants est varié et réussi. L'approche des deux armées dans l'immense plaine est tout simplement superbe et le tout premier assaut faisant écho aux bombardements du début du film m'a impressionné. Adamson n'hésite pas alors à tout montrer à grand renforts de plans panoramiques et mouvements élégants.
La désillusion est totale durant la bataille elle-même. Entrecoupée de séquences longuettes avec Aslan, Adamson semble perdre ses moyens. Outre les problèmes de vraisemblances évoqués plus haut, Adamson rate à peu près tout. Les animations en 3D, parfois à juste titre très courtes, sont dans l'ensemble mal foutu, la palme revenant à un plan de bataille odieux avec des monstres aux mouvements saccadés. Et le bestiaire tout d'un coup se retrouve réduit : les géants si prometteurs ont par exemple totalement disparu. Quant à la résolution, même astucieuse, elle est expédiée. Reste un peu d'héroïsme malheureusement trop épars.

J'aurais bien donné le bénéfice du doute au réalisateur, très enthousiaste paraît-il à adapter un roman qui a marqué son enfance, mais la fin plonge Le Monde De Narnia dans l'absolument grotesque (on apprendra notamment que les enfants vont devenir le groupe ABBA). Et si on a beaucoup critiqué l'aspect religieux du film, qui ne m'a pas vraiment sauté aux yeux, je suis très circonspect de remarquer que les valeurs familiales, si chères à Disney, soient autant malmenées avec ces enfants qui n'ont plus de scrupules à oublier qui ils étaient.

Avec Shrek et Shrek2, Andrew Adamson faisait dans la grosse pantalonnade, hilarante bien sur, mais au récit limitée (Shrek pourrait même être vu à ce niveau comme un échec car il finit par devenir ce qu'il prétend parodier – un conte de fée). Avec ce vrai conte de fée, Andrew Adamson fait des choix judicieux pour introduire un imaginaire foisonnant et se montre étonnamment à l'aise dans les scènes plus intimistes qu'il traite avec sobriété et parfois de manière poétique. Mais son inexpérience pour raconter une histoire est la cause majeure de mon avis très mitigé sur le film. L'action prenant souvent le pas sur l'exposition dans les suites (les suites de Narnia sont annoncées), espérons qu'il tirera quelques leçons des faiblesses de ce film (ouh là, je me fais donneur de leçon maintenant).

La scène qui tue : dans cette séquence d'assaut de l'armée du jeune Peter Pevensie vers celle de la sorcière, guépards en tête, dans cette immense plaine avec un travelling arrière extraordinaire et ralenti/silences pertinents, l'épique est à son comble. Fichtre, à ce moment le film avait de l'allure.

Mon avis express : Le Monde De Narnia est un spectacle tout public divertissant et parfois vraiment réjouissant mais il s'apparente sur le fond comme sur la forme à des montagnes russes tant certaines scènes nous emportent bien haut tandis que d'autres nous font vite redescendre. Et comme dans tout ce genre d'attraction, on finit, hélas, à terre avec une fin ridicule. La faute un peu au réalisateur doué dans la mise en place mais vraiment peu à l'aise dans la narration.

Revoir le film : bien sur, le film est fait pour ça.
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