Le Nouveau Monde
Vu le 21/02/2006 à l'UGC Normandie salle 1
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post générique : non
L'histoire en une phrase : en 1607, les anglais débarquent sur les côtes de Virginie, l'occasion pour l'explorateur John Smith de faire une rencontre qui changera sa vie.
Critique :
Alors qu'il pense à ce film depuis plus de vingt ans, Terrence Malick nous livre enfin sa version de l'histoire de Pocahontas et John Smith. Celle-ci est très connue aux USA. Disney en tira un dessin animé, plutôt bon mais en fait j'adorais, et adore toujours, la chanson "l'air du temps" et la séquence du film s'y rapportant. Une référence est à la légende est également faite dans l'hilarant Les Valeurs De La Famille Adams avec Christina Ricci en Pocahontas démoniaque.
Pour nous conter cette histoire, Malick soigne le côté naturaliste de son film. Les lumières sont naturelles et les lieux de tournage, en Virgine, correspondent à ceux où les premiers colons se sont installés, faune et flore demeurant encore peu changées.
La reconstitution est au plus proche de la réalité historique tant dans la langue et le mode de vie des indiens que dans les costumes et fortifications des anglais. Côté réalisme, le résultat est assez bluffant.
Quant à l'histoire, même si la plupart des récits s'y rapportant sont contradictoires et comportent des zones d'ombre, Malick a également choisi de narrer les principaux faits tout en imposant sa vision, la vision d'un maître.
Dans sa première partie, Le Nouveau Monde a une structure similaire à son précédent film, La Ligne Rouge : l'histoire d'un peuple, des étrangers, dans un monde totalement différent soit la description de deux mondes, deux ordres, un ancien et un nouveau, au même endroit. L'ancien monde, celui des indiens est comme à son apogée. L' harmonie règne. Le nouveau monde est celui des colons, venu pour s'installer mais avec deux espérances qui s'avèreront illusoires : trouver l'or et la route pour les Indes. Leur installation sera une épreuve presque sordide, toujours au bord de l'échec. Mais c'est pourtant le monde qui s'imposera.
L'explorateur et l'observateur de cette histoire, John Smith, comme le soldat Witt dans La Ligne Rouge, sera fasciné par ce Nouveau Monde puis désabusé par le sien. Il est un personnage énigmatique. Il a un passé que l'on sent très libre, aventureux et impétueux, dessinant un homme ne supportant pas l'autorité comme on le voit au début du film. Il a aussi, nous dit-on, l'âme d'un chef. Voilà l'homme que John Smith est ou qu'il dit à Pocahontas (Q'Orianka Kilcher, sublime) être.
L'idée presque ironique de Malick est de décrire un personnage transformé et loin d'être l'homme qu'il a été, un personnage qui a vécu un rêve éveillé et qui ne s'en remet pas, lui-même n'apportant rien à cette nouvelle terre sinon la destruction de ce monde rêvée. Devenu chef, il semble comme incapable de vivre et de se prendre en main. Son attitude désabusée dans le camp qu'il commande au coeur de l'hiver est révélatrice de cet état : il refuse d'être l'acteur de l'Histoire mais simplement son observateur. Logique que Colin Farrell demeure effacée, presque un fantôme.
La deuxième partie suit la nouvelle vie de Pocahontas, abandonnée puis retrouvée, personnage de transition des deux histoires et des deux mondes. Sa relation avec John Smith illustrait l'espoir d'une vie paradisiaque, l'Eden éternel avec des règles inédites, et sans doute impensables, fondées sur l'absence de propriété et de jalousie. La fuite, l'incompréhension, le passé auront raison de cette relation et de cet espoir. L'étrange retrouvaille en Angleterre entre John Smith et Pocahontas devenue Rebecca, achèvera cet histoire d'absolu vécue comme un rêve inoubliable mais appartenant définitivement au passé.
La rencontre de Pocahontas avec John Rolfe (Christian Bale parfait dans un rôle qui pouvait pourtant sombrer dans la fadeur), colon gentil et attentionné mais aussi lucide, raconte une autre possibilité d'union et de transmission, à travers la naissance d'un enfant, construite autour de cette idée d'espoir perdu, perte de la famille pour Rolfe et perte de son amour pour Pocahontas, et de reconstruction.
Ces deux espoirs seront abruptement stoppées soit de l'intérieur (la "fuite" de John Smith), soit par des éléments extérieurs (la maladie) soulignant ainsi les difficultés à venir dans cette amérique. Mais la fusion, l'intégration ou l'assimilation, volontaire ou forcée, continuera malgré tout.
Au delà de ses passionnants points de vue, Le Nouveau Monde est surtout un film inoubliable, une succession de moments sublimes où le magnifique et le désespoir, tout le passage avec la colonie (recherche d'or, personnes affamées...) est horrible, se mêlent.
Le Nouveau Monde est en fait d'une beauté incroyable. C'est difficile à exprimer, à vrai dire, mais de chaque scène du film, même les plus dramatiques, surgit un sentiment de chaleur, qui pourrait s'opposer à la beauté froide des images d'un Stanley Kubrick, quelque chose comme une invitation à l'émerveillement, et à l'apaisement lors des séquences chez les indiens.
Malick met en scène avec un peu de dialogues, si peu de dialogues mais si justes, et des monologues en voix off plus poétiques que vraiment descriptifs. Son sens de l'ellipse et de l'épure rendent son métrage aérien. Pour peu qu'on accepte l'expérience et le regard contemplatif de Malick, ses plans de vols oiseaux et de plaines rayonnantes, nous sommes transportés par Le Nouveau Monde, comme en apesanteur.
La prouesse supplémentaire est sans doute l'empreinte que le film ne manquera pas de me laisser. Je n'ai vu qu'une seule fois La Ligne Rouge pourtant il reste profondément en moi, c'est un film que je ne peux oublier. L'effet est bien le même pour le nouveau film de Malick.
La musique joua d'ailleurs un rôle certain à cette impression. Les chants indonésiens étaient beaux à pleurer. James Horner, aidé par quelques musiques classiques choisies par Malick, signe des partitions riches, en osmose avec l'univers du réalisateur. Bravo.
Brillant de bout en bout, Le Nouveau Monde sera sans doute considérée comme une grande oeuvre, de celles qui n'ont pas besoin d'oscars pour devenir majeures et impérissables.
La scène qui tue : quand Pocahontas reprend le bras de Bale dans les derniers moments du film. Si simple mais si symbolique et si beau.
Mon avis express : Pour son quatrième film en 30 ans, Terrence Malick nous raconte la légende de la très belle Pocahontas et la rencontre difficile entre deux mondes. Mais plus qu'une page dh'istoire, le réalisateur nous offre un film profondément contemplatif, d'une beauté incroyable accentuée par une reconstitution réaliste et une mise en scène épurée et juste. Brillant de bout en bout, Le Nouveau Monde sera sans doute considérée comme une oeuvre majeure. En fait, c'en est déjà une.
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post générique : non
L'histoire en une phrase : en 1607, les anglais débarquent sur les côtes de Virginie, l'occasion pour l'explorateur John Smith de faire une rencontre qui changera sa vie.
Critique :

Pour nous conter cette histoire, Malick soigne le côté naturaliste de son film. Les lumières sont naturelles et les lieux de tournage, en Virgine, correspondent à ceux où les premiers colons se sont installés, faune et flore demeurant encore peu changées.
La reconstitution est au plus proche de la réalité historique tant dans la langue et le mode de vie des indiens que dans les costumes et fortifications des anglais. Côté réalisme, le résultat est assez bluffant.
Quant à l'histoire, même si la plupart des récits s'y rapportant sont contradictoires et comportent des zones d'ombre, Malick a également choisi de narrer les principaux faits tout en imposant sa vision, la vision d'un maître.
Dans sa première partie, Le Nouveau Monde a une structure similaire à son précédent film, La Ligne Rouge : l'histoire d'un peuple, des étrangers, dans un monde totalement différent soit la description de deux mondes, deux ordres, un ancien et un nouveau, au même endroit. L'ancien monde, celui des indiens est comme à son apogée. L' harmonie règne. Le nouveau monde est celui des colons, venu pour s'installer mais avec deux espérances qui s'avèreront illusoires : trouver l'or et la route pour les Indes. Leur installation sera une épreuve presque sordide, toujours au bord de l'échec. Mais c'est pourtant le monde qui s'imposera.
L'explorateur et l'observateur de cette histoire, John Smith, comme le soldat Witt dans La Ligne Rouge, sera fasciné par ce Nouveau Monde puis désabusé par le sien. Il est un personnage énigmatique. Il a un passé que l'on sent très libre, aventureux et impétueux, dessinant un homme ne supportant pas l'autorité comme on le voit au début du film. Il a aussi, nous dit-on, l'âme d'un chef. Voilà l'homme que John Smith est ou qu'il dit à Pocahontas (Q'Orianka Kilcher, sublime) être.
L'idée presque ironique de Malick est de décrire un personnage transformé et loin d'être l'homme qu'il a été, un personnage qui a vécu un rêve éveillé et qui ne s'en remet pas, lui-même n'apportant rien à cette nouvelle terre sinon la destruction de ce monde rêvée. Devenu chef, il semble comme incapable de vivre et de se prendre en main. Son attitude désabusée dans le camp qu'il commande au coeur de l'hiver est révélatrice de cet état : il refuse d'être l'acteur de l'Histoire mais simplement son observateur. Logique que Colin Farrell demeure effacée, presque un fantôme.
La deuxième partie suit la nouvelle vie de Pocahontas, abandonnée puis retrouvée, personnage de transition des deux histoires et des deux mondes. Sa relation avec John Smith illustrait l'espoir d'une vie paradisiaque, l'Eden éternel avec des règles inédites, et sans doute impensables, fondées sur l'absence de propriété et de jalousie. La fuite, l'incompréhension, le passé auront raison de cette relation et de cet espoir. L'étrange retrouvaille en Angleterre entre John Smith et Pocahontas devenue Rebecca, achèvera cet histoire d'absolu vécue comme un rêve inoubliable mais appartenant définitivement au passé.
La rencontre de Pocahontas avec John Rolfe (Christian Bale parfait dans un rôle qui pouvait pourtant sombrer dans la fadeur), colon gentil et attentionné mais aussi lucide, raconte une autre possibilité d'union et de transmission, à travers la naissance d'un enfant, construite autour de cette idée d'espoir perdu, perte de la famille pour Rolfe et perte de son amour pour Pocahontas, et de reconstruction.
Ces deux espoirs seront abruptement stoppées soit de l'intérieur (la "fuite" de John Smith), soit par des éléments extérieurs (la maladie) soulignant ainsi les difficultés à venir dans cette amérique. Mais la fusion, l'intégration ou l'assimilation, volontaire ou forcée, continuera malgré tout.
Au delà de ses passionnants points de vue, Le Nouveau Monde est surtout un film inoubliable, une succession de moments sublimes où le magnifique et le désespoir, tout le passage avec la colonie (recherche d'or, personnes affamées...) est horrible, se mêlent.
Le Nouveau Monde est en fait d'une beauté incroyable. C'est difficile à exprimer, à vrai dire, mais de chaque scène du film, même les plus dramatiques, surgit un sentiment de chaleur, qui pourrait s'opposer à la beauté froide des images d'un Stanley Kubrick, quelque chose comme une invitation à l'émerveillement, et à l'apaisement lors des séquences chez les indiens.
Malick met en scène avec un peu de dialogues, si peu de dialogues mais si justes, et des monologues en voix off plus poétiques que vraiment descriptifs. Son sens de l'ellipse et de l'épure rendent son métrage aérien. Pour peu qu'on accepte l'expérience et le regard contemplatif de Malick, ses plans de vols oiseaux et de plaines rayonnantes, nous sommes transportés par Le Nouveau Monde, comme en apesanteur.
La prouesse supplémentaire est sans doute l'empreinte que le film ne manquera pas de me laisser. Je n'ai vu qu'une seule fois La Ligne Rouge pourtant il reste profondément en moi, c'est un film que je ne peux oublier. L'effet est bien le même pour le nouveau film de Malick.
La musique joua d'ailleurs un rôle certain à cette impression. Les chants indonésiens étaient beaux à pleurer. James Horner, aidé par quelques musiques classiques choisies par Malick, signe des partitions riches, en osmose avec l'univers du réalisateur. Bravo.
Brillant de bout en bout, Le Nouveau Monde sera sans doute considérée comme une grande oeuvre, de celles qui n'ont pas besoin d'oscars pour devenir majeures et impérissables.
La scène qui tue : quand Pocahontas reprend le bras de Bale dans les derniers moments du film. Si simple mais si symbolique et si beau.
Mon avis express : Pour son quatrième film en 30 ans, Terrence Malick nous raconte la légende de la très belle Pocahontas et la rencontre difficile entre deux mondes. Mais plus qu'une page dh'istoire, le réalisateur nous offre un film profondément contemplatif, d'une beauté incroyable accentuée par une reconstitution réaliste et une mise en scène épurée et juste. Brillant de bout en bout, Le Nouveau Monde sera sans doute considérée comme une oeuvre majeure. En fait, c'en est déjà une.
En fait, j'ai vraiment très envie de voir ce film. Ne serait-ce que parce qu'un Terrence Malick ne peut être que de l'essence de chef d'oeuvre, même si le bougre semble être pris d'une frénésie nouvelle, n'ayant attendu que 7 ans pour nous liver son nouvel opus!
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Oh je ne savais pas trop où poster ce message de GRANDE fécilitation...
Vraiment tes critiques font plaisirs à lire, surment que trop peu de personne prenne la peine d'en lire une, mais personnellement j'en est savouré 3, et déjà c'était consistant :) !
Na vraiment bravo, j'aime bcp ! un blog comme ca de cinéphile c'est rare, tellement que j'ai pris la peine de poster un message d'encouragement...
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Arf, il faur que je voie ce film!
Même le fouteur de merde adore :
http://lefdm.com/index.php?title=l_un_des_plus_beaux_films_de_l_histoire&more=1&c=1&tb=1&pb=1
Oui, elles sont bien les critiques d'Aska!
Vraiment
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Merci pour vos encouragements, je suis très touché.
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