Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

A suivre...

Friday, October 27, 2006
Après quelques mois d'interruption, je continue mes commentaires sur l'espace grandes poches et plus précisément sur le blog collectif Petit Ecran emmené par Laurent et Jb.

Critiques Ciné Express (IV)

Saturday, March 25, 2006
Braqueurs Amateurs
Vu le 06/03/2006 à l'UGC George V salle 11

Remake d'un film de 1977, Braqueurs Amateurs nous raconte la déchéance d'un couple qui se retrouve à devoir voler pour s'en sortir. Comme le récent Petites Confidences (A Ma Psy), il ne s'agit que d'un gag traité l'espace d'une vingtaine de minutes. Mais contrairement au film de Ben Younger, Braqueurs Amateurs est très amusant. Avec un scénario qui n'a pas peur des déviations inattendues, comme l'épisode de l'immigration, les 1h30 du film se suivent sans ennui et sans temps mort.
Mais au-delà de la charmante comédie, nous découvrons, en fil conducteur, une inattendue évocation de la société américaine à travers une réminiscence des scandales d'Enron et Worldcom et du désespoir que ce type de scandale engendra. Le réalisateur en profite pour montrer du doigt ces personnes hauts placés qui desservent le capitalisme. Un message simple mais pas simpliste et qui fait au final plus mouche qu'un film confus comme Syriana sorti peu avant ce film.
Et puis il y a Jim Carrey qui est aussi à l'aise dans le registre comique à base de grimaces et contorsions (la plupart de ce styles de gags sont très bon mais la séquence où il fait le pantin est anthologique) qui ont fait sa renommée, que dans l'émotion surtout lors d'une scène clé où, près de sa femme, il décide de faire quelque chose de radical pour les sortir de cette situation.
Au final, après le jouissif, et hélas trop méconnu dans l'hexagone, Galaxy Quest, le réalisateur Dean Parisot confirme son talent de bon faiseur de comédie avec ce Braqueurs Amateurs à l'ambition modeste, quoique non, faire rire n'a rien d'une ambition modeste, et fort bien mené.


La Panthère Rose
Vu le 09/03/2006 à l'UGC George V salle 1

Le réalisateur Shawn Levy a de la grosse comédie à son actif : Big Fat Liar, Just Married, Cheaper By The Dozen et lui échoit donc la tâche de succéder à Blake Edwards. Vantant l'intemporalité du personnage de Clouseau, le réalisateur part pourtant en quête d'un film « dans l'air du temps, bien dans notre époque, mais dans la tradition des autres Panthères Roses ». L'air du temps serait donc l'absence de dentelle. Est-ce un problème? A vrai dire non.
Passé l'excellent générique, La Panthère Rose enchaîne les gags les plus idiots sans honte et, même s'ils sont inégaux, il font souvent mouche. La plupart sont construits autour de Steve Martin assurant parfaitement le rôle de Clouseau devenu un mélange de confiance en soi, d'esprit déductif biscornu et de gaffeur invétéré. Difficile de ne pas rire quand il fait l'interrogatoire bon flic/mauvais flic tout seul ou qu'il s'entraîne avec un coach pour avoir parfaitement l'accent américain (!).
Steve Martin n'est pas le seul à nous faire rire. Aux côtés de Clouseau, Jean Reno est d'une impassibilité qui force le respect et du coup lorsque par exemple il danse avec une tenue de camouflage, il est hilarant. Egalement de la partie, Kevin Kline joue un Dreyfus machiavélico-stupide.
Côté charme enfin, on pourra préférer la mimi, et bigleuse, Emily Mortimer à la sexy Beyoncé Knowles.
Tous ces protagonistes se battent pour résoudre une enquête sur un gros diamant où les services secrets de sa Majesté avec le caméo d'un acteur souvent évoqué pour interpréter James Bond et qui s'achève comme un Scooby Doo! Du tout bon en somme!
Attention cependant, La Panthère Rose dispose d'un atout à double tranchant : la langue. Le film se déroule presque toujours en France. Outre la vision comique de notre belle capitale, avec ses cyclistes écrasés et ses Smart, les acteurs parlent tous avec un accent français désopilant qui ne peut nous empêcher de garder le sourire au lèvre tout au long du film. Il est possible, voire certain au regard de la bande-annonce doublée, qu'en version française, le film perde une grosse partie de son attrait.

Truman Capote

Friday, March 24, 2006
Vu le 08/03/2006 au Balzac Salle 1
Langue : anglais
Conditions : bonnes. J'aime bien le responsable du cinéma qui vient faire avant le film un petit discours sur l'actualité du Balzac.
Post Générique : non

L'histoire en une phrase : l'écrivain Truman Capote part pour le Kansas pour enquêter sur le meurtre d'une famille entière dans le but d'écrire un livre.

Critique :

Un Biopic de plus? Pas tout à fait. Truman Capote n'est pas l'histoire de Truman Capote de 7 à 77 ans. Le film raconte avant tout la genèse d'un roman qui influencera toute la littérature américaine, De Sang Froid. Presque une adaptation de l'histoire du roman mais phagocytée par la personnalité de son auteur, Truman Capote.
En effet, dans un passionnant article, Emmanuel Carrère raconte que le roman De Sang Froid « repose sur une tricherie » car Truman Capote, en racontant précisément le destin de deux voleurs de leur arrestation jusqu'à leur exécution, oublia» un point essentiel : lui-même. Carrere nous dit que : « [Truman Capote] rapporte tout ce qui est arrivé à Perry et à Dick de leur arrestation à leur pendaison en omettant le fait que durant leurs cinq années de prison il a été la personne la plus importante de leur vie et qu’il en a changé le cours ».

Le film raconte donc la manière dont Truman Capote vampirise la vie de ces deux condamnés et plus particulièrement celle de Perry Smith dont les liens avec l'écrivain sont troubles, entre attirance pure et alliance de circonstance, chacun ayant besoin de l'autre, l'un pour finir son roman, l'autre pour échapper à la peine de mort. C'est dans leurs rapports que le film est captivant mais aussi dans cette tentative délicate (et impossible?) de nous éclairer sur le processus créatif. L'inspiration pour Capote viendra d'une simple lecture d'un fait divers suivi d'un coup de téléphone à son éditeur et le déclic sera sans doute cette première rencontre avec Perry Smith. L'écriture du roman qui découlera de leurs entretiens aura aussi un prix, celui du mensonge, des compromissions et de l'égoïsme. Une expérience dont Capote ne sortira pas indemne car beaucoup trop impliqué dans les vies de Perry et Dick.

Pour son premier film de fiction, le réalisateur Bennet Miller choisit la sobriété pour sa mise en scène. Trop sobre peut-être et parfois un peu statique. Un choix qui ne rend pas Truman Capote incontournable mais qui nous fait éviter cependant toute lourdeur : on s'attarde peu, ou même pas du tout, sur l'homosexualité de Capote et l'arrivée de l'écrivain New Yorkais dans le Kansas profond ne provoque pas de caricature façon Paris contre province. Les antagonismes sont subtilement suggérés à travers des détails sur les tenues vestimentaires, des regards et des silences.

Il revient aussi à l'auteur au-moins deux mérites. Le premier est de réussir les dernières séquences du film en choisissant la description brute et glaçante pour évoquer toutes les mises à mort. La scène des « adieux » entre Capote et les deux condamnés juste avant leur exécution est également exemplaire. Incapables de se parler vraiment, les protagonistes se retrouvent tous piégés dans des politesses pathétiques.

L'autre mérite est d'offrir un écrin formidable à Philip Seymour Hoffman. Il est bien entendu galvaudé de dire tout le bien qu'on pense de l'acteur et de ses nombreux bons rôles et de dire aussi qu'on aurait du lui donner un oscar pour d'autres films. Mais les oscars sont ce qu'ils sont et aiment bien récompenser ceux qui jouent des personnages ayant vraiment existé.
Les mauvaises langues parlent d'imitation. Soit. Ne connaissant que de nom Truman Capote, difficile pour moi d'estimer la pertinence de l'imitation. Toutefois, on (le on c'est elle) m'a fait remarquer tout récemment que Truman Capote est tout simplement Lionel Twain dans l'inénarrable Un Cadavre Au Dessert, un des films que j'ai le plus vu de ma vie. Bon sang, mais c'est bien sur! Alors je peux le dire : l'imitation est bonne. Notons que Truman Capote fait aussi un caméo dans Annie Hall.
Toujours est-il qu'Hoffman réalise un excellent travail, composant un personnage à la voix très haut perchée, très stylé, égocentrique, alcoolique mais aussi passionnant et presque attachant, qualités et défauts qui ressortent aussi bien des entretiens avec Perry Smith que des soirées mondaines où Capote et sa vivacité d'esprit sont l'objet de toutes les attentions. A tel point que les seconds rôles semblent à son service sauf peut-être Chris Cooper formidable en shérif brisé par ces meurtres abominables.

Hoffman fait de Capote un homme troublant et tourmenté, pas nécessairement recommandable mais qui est paradoxalement très sympathique. C'est aussi une force d'attraction qui attire tout dans son sillage jusqu'au spectateur assis sur son fauteuil et c'est sans doute la meilleure des raisons pour donner à l'acteur un oscar.

La scène qui tue : elle tue littéralement car c'est la scène de l'éxecution. Une pendaison aussi précise que sordide qui n'est pas sans rappeler celle dans Dancer In The Dark.

Mon avis express : l'écrivain New Yorkais Truman Capote part dans le Kansas pour livrer à l'Amérique un de ses romans les plus marquants. Sobre, le réalisateur Bennet Miller nous raconte la douloureuse expérience de l'auteur qui vécut plusieurs années presque aux côtés de deux condamnés à mort pour écrire son livre. Un bon film qui doit énormément à la personnalité passionnante de Capote ainsi qu'à l'acteur qui l'interprète, le formidable Philip Seymour Hoffman.

L'Ivresse Du Pouvoir

Saturday, March 11, 2006
Vu le 1/3/2006 à l'UGC Normandie salle 2
Langue : français
Conditions : bonnes
Post Générique : non

L'histoire en une phrase : Le juge d'instruction Jeanne Charmant Killman enquête sur des détournements de fond d'une grande entreprise et met en examen politiques et patrons.





Critique :

Comme on nous le dit au début du film « Toute ressemblance avec des personnages connus serait, comme on dit, fortuite ». Ce n'est un secret pour personne que Claude Chabrol s'inspire de l'affaire Elf, un des plus grands scandales de ces dernières années.

L'Ivresse Du Pouvoir suit donc l'enquête de cette juge de plus en plus grisée par l'ampleur de son pouvoir, perpétuellement dans une attitude de dominatrice parfois fourbe, souvent hautaine jusqu'à la chute. Chabrol nous décrit bien l'ivresse du pouvoir, ainsi que le cynisme qu'il engendre. Il évoque ceux qui le gagnent et ceux qui le perdent, et son implication dans la vie de tous les jours à travers le quotidien de Jeanne.

En effet, le réalisateur aborde sa vie aussi bien dans la sphère publique que la sphère privée. Les approches sont clairement différenciées notamment sur le jeu des acteurs et du dialogue logiquement plus théâtraux et ampoulés côté sphère publique. Ainsi le film se partage entre scènes conjugales, jeux de séduction et interrogatoires, le film tournant presque toujours autour de Jeanne.

Ce n'est presque pas étonnant de trouver que les scènes entre Jeanne et son mari sont les plus véritablement dérangeantes du film. La souffrance du mari est palpable et leur relation, comme vide, révèle une femme peu recommandable et qui, à force de jouer de son pouvoir à la ville, finit par le faire également chez elle notamment à travers cette scène où elle joue avec son alliance. On est vite mal à l'aise. Tout aussi troublant et mystérieux est sa relation avec son neveu (Thomas Chabrol, original), homme oisif un peu cynique, et lucide, mais aussi très affectueux avec elle et servant de véritable confident.

Ce n'est pas la seule relation trouble de Jeanne car elle exerce aussi un jeu de séduction intriguant avec un grand patron qui l'aide initialement à décortiquer le scandale. Malheureusement, l'intérêt de cette relation est gâchée par Patrick Bruel. Dépourvu de la subtilité des uns (côté sphère privée) ou de l'abattage des autres (côté sphère publique), l'acteur joue tout simplement faux le mâle dominant. Et c'est le coup de téléphone en split-screen qui nous confirme cette triste impression.

Les interrogatoires nous réservent par contre d'excellents moments. Se succède pour notre plus grand plaisir une brochette de bons acteurs dont François Berléand : avec ses deux portables, il ouvre fabuleusement le film. D'homme de pouvoir, il est peu à peu cassé par la juge puis par son entourage. D'abord arrogant, sa déchéance est de plus en plus palpable et inéluctable jusque dans les derniers moments du film ou d'un dernier face à face avec Jeanne dans un couloir survient une compréhension mutuelle qui ressemble presque à une trêve. Viendront également en renfort Jean François Balmer en parvenue qui balance et Philippe Duclos incroyable de préciosité.

L'Ivresse Du Pouvoir est donc souvent jouissif. Chabrol s'est visiblement amusé à donner à ce film des allures de thriller politique avec ses manipulateurs et gens hauts placés qui complotent en secret. Mais le réalisateur ne fait pas dans le film politique à l'américaine, où les supers méchants qui dirigent le monde en secret sont des hommes tristes, antipathiques, implacables et froids, mais avec un côté franchouillard excitant et emmené par un truculent Jacques Boudet aux formules fleuries : « Les nègres sont furibards ». Dans L'Ivresse Du Pouvoir, on complote lors de dîners mondains ou dans les voitures de fonction, on met des bâtons dans les roues de Jeanne (presque au sens propre d'ailleurs) avec plus ou moins de succès et on maintient les modes de fonctionnement avec bonhomie.
C'est sans aucun doute la scène du digestif, cognac et cigares, dans le jardin d'une grande maison qui m'a le plus fasciné. Très découpée avec une musique inquiétante et des dialogues incroyables entre jeune loup et vieux routiers de la politique et de la magouille, cette séquence de géopolitique « à la française » donne ironiquement, et avec une certaine amertume, le fin mot de l'histoire et son côté vain. Anthologique. Une des meilleures scènes que j'ai vue ces derniers temps.

De Claude Chabrol, j'ai vu au cinéma La Cérémonie, Merci Pour Le Chocolat et La Fleur Du Mal. Le style est le même et le bougre Chabrol filme sacrément bien et signe un film à la fois distrayant et caustique aidée par une belle brochette d'acteurs (sauf Bruel) emmenée par Isabelle Huppert, étonnante de naturel.

La scène qui tue : la scène du dîner explicitée plus haut. J'aime bien aussi la conclusion du film : « Qu'ils se démerdent. ».

Mon avis express : Chabrol continue de nous faire plaisir. L'Ivresse Du pouvoir est un thriller politique « à la française » caustique, parfois dérangeant et parfois purement jouissif. Emmenée par Isabelle Huppert, toujours parfaite, le casting est excellent malgré la présence de Patrick Bruel qui peine à trouver le ton juste.

Critiques Ciné Express (III)

Petites Confidences (A Ma Psy)
Vu le 27/2/2006 à l'UGC George V Salle 6

Un titre de boulevard et une bande-annonce un peu hors sujet vu que cette histoire de femme qui voit un homme qui n'est autre que le fils de sa psy, Woody Allen avait fait quelque chose de similaire dans le prodigieux Tout Le Monde Dit I Love You, n'est finalement qu'un gag traité l'espace d'une vingtaine de minutes. Ce n'est pas la première fois et ce n'est pas la dernière.
Petites Confidences (A Ma Psy) est donc principalement une histoire d'amour sous forme d'éducation sentimentale à travers un couple qui découvre que la différence d'âge, 14 ans ici, peut être un obstacle à une belle histoire d'amour et qu'entre personnes raisonnables, il vaut mieux apprendre, comprendre puis passer à autre chose. Ceci dit, comment peut t'on en vouloir à un jeunot qui sort avec Uma Thurman, très belle dans le film?
Le problème est que pas grand chose ne fonctionne ou nous touche dans le film, ni cette histoire, ni les seconds rôles, pourtant très importants dans ce type de comédie. Reste Meryl Streep qui nous amuse beaucoup et un joli plan final de Thurman à travers la fenêtre. Mais, comme redouté, à partir du moment où l'astuce est éventée, on ne rit presque plus et l'ennui vient vite rendant la dernière partie, qui aboutit à une résolution sans risque, assez laborieuse
J'avais autrement préféré le premier film du metteur en scène Ben Younger, Les Initiés. Car, cette comédie romantique un peu new-yorkaise parfois drôle, un peu divertissante, est pas loin d'être convenue.


Syriana
Vu le 28/2/2006 à l'UGC Normandie salle 3

Les hauts dignitaires américains et les financiers complotent pour le contrôle du pétrole, La CIA regarde d'un mauvais oeil ces leaders arabes qui contestent la présence militaire américaine, les agents secrets ont des état d'âmes, l’économie du pétrole est sans âme, les écoles coraniques attirent les pauvres et servent de vivier aux terroristes kamikazes... et surtout « Everything is connected ».
La Star de Syriana est le scénario nous dit George Clooney qui endosse aussi la casquette de producteur sur le film. A juste titre : son réalisateur Stephen Gaghan veut exprimer toute la complexité de notre monde et des enjeux colossaux autour du pétrole, des enjeux et des stratégies que nous devinons mais que Gaghan nous rappelle sans trop de manichéisme et avec beaucoup de convictions.
Connu surtout pour être un scénariste de renom, le réalisateur a commencé par écrire pour des séries dont NYPD Blues et semble avoir retenu une leçon : le rythme. Syriana possède un rythme trépidant. Prises indépendamment, chacune des scènes peut devenir très prenante. Malheureusement, il n'a pas vraiment choisi la facilité : ses histoires s'entrecroisent et les personnages se multiplient. Syriana devient alors facilement confus si bien qu'il est difficile de s'accrocher et de profiter vraiment du film. Sans surprise, la leçon de géopolitique ne captive vraiment que par intermittence tant la compréhension des tenants et des aboutissants, (que comprendre dans l'attitude finale de Clooney?), m'a empoisonnée.
Reste donc un film haletant et recommandable avec une interprétation de haut vol. Mais plus que George Clooney et son oscar, c'est Jeffrey Wright qui impressionne. Rouage d'une gigantesque opération de fusion de compagnie pétrolières, son troublant sérieux, son apparente condition d'homme « comme tout le monde », fascinent.

Le Nouveau Monde

Saturday, March 04, 2006
Vu le 21/02/2006 à l'UGC Normandie salle 1
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post générique : non

L'histoire en une phrase : en 1607, les anglais débarquent sur les côtes de Virginie, l'occasion pour l'explorateur John Smith de faire une rencontre qui changera sa vie.

Critique :

Alors qu'il pense à ce film depuis plus de vingt ans, Terrence Malick nous livre enfin sa version de l'histoire de Pocahontas et John Smith. Celle-ci est très connue aux USA. Disney en tira un dessin animé, plutôt bon mais en fait j'adorais, et adore toujours, la chanson "l'air du temps" et la séquence du film s'y rapportant. Une référence est à la légende est également faite dans l'hilarant Les Valeurs De La Famille Adams avec Christina Ricci en Pocahontas démoniaque.

Pour nous conter cette histoire, Malick soigne le côté naturaliste de son film. Les lumières sont naturelles et les lieux de tournage, en Virgine, correspondent à ceux où les premiers colons se sont installés, faune et flore demeurant encore peu changées.
La reconstitution est au plus proche de la réalité historique tant dans la langue et le mode de vie des indiens que dans les costumes et fortifications des anglais. Côté réalisme, le résultat est assez bluffant.
Quant à l'histoire, même si la plupart des récits s'y rapportant sont contradictoires et comportent des zones d'ombre, Malick a également choisi de narrer les principaux faits tout en imposant sa vision, la vision d'un maître.

Dans sa première partie, Le Nouveau Monde a une structure similaire à son précédent film, La Ligne Rouge : l'histoire d'un peuple, des étrangers, dans un monde totalement différent soit la description de deux mondes, deux ordres, un ancien et un nouveau, au même endroit. L'ancien monde, celui des indiens est comme à son apogée. L' harmonie règne. Le nouveau monde est celui des colons, venu pour s'installer mais avec deux espérances qui s'avèreront illusoires : trouver l'or et la route pour les Indes. Leur installation sera une épreuve presque sordide, toujours au bord de l'échec. Mais c'est pourtant le monde qui s'imposera.

L'explorateur et l'observateur de cette histoire, John Smith, comme le soldat Witt dans La Ligne Rouge, sera fasciné par ce Nouveau Monde puis désabusé par le sien. Il est un personnage énigmatique. Il a un passé que l'on sent très libre, aventureux et impétueux, dessinant un homme ne supportant pas l'autorité comme on le voit au début du film. Il a aussi, nous dit-on, l'âme d'un chef. Voilà l'homme que John Smith est ou qu'il dit à Pocahontas (Q'Orianka Kilcher, sublime) être.
L'idée presque ironique de Malick est de décrire un personnage transformé et loin d'être l'homme qu'il a été, un personnage qui a vécu un rêve éveillé et qui ne s'en remet pas, lui-même n'apportant rien à cette nouvelle terre sinon la destruction de ce monde rêvée. Devenu chef, il semble comme incapable de vivre et de se prendre en main. Son attitude désabusée dans le camp qu'il commande au coeur de l'hiver est révélatrice de cet état : il refuse d'être l'acteur de l'Histoire mais simplement son observateur. Logique que Colin Farrell demeure effacée, presque un fantôme.

La deuxième partie suit la nouvelle vie de Pocahontas, abandonnée puis retrouvée, personnage de transition des deux histoires et des deux mondes. Sa relation avec John Smith illustrait l'espoir d'une vie paradisiaque, l'Eden éternel avec des règles inédites, et sans doute impensables, fondées sur l'absence de propriété et de jalousie. La fuite, l'incompréhension, le passé auront raison de cette relation et de cet espoir. L'étrange retrouvaille en Angleterre entre John Smith et Pocahontas devenue Rebecca, achèvera cet histoire d'absolu vécue comme un rêve inoubliable mais appartenant définitivement au passé.
La rencontre de Pocahontas avec John Rolfe (Christian Bale parfait dans un rôle qui pouvait pourtant sombrer dans la fadeur), colon gentil et attentionné mais aussi lucide, raconte une autre possibilité d'union et de transmission, à travers la naissance d'un enfant, construite autour de cette idée d'espoir perdu, perte de la famille pour Rolfe et perte de son amour pour Pocahontas, et de reconstruction.

Ces deux espoirs seront abruptement stoppées soit de l'intérieur (la "fuite" de John Smith), soit par des éléments extérieurs (la maladie) soulignant ainsi les difficultés à venir dans cette amérique. Mais la fusion, l'intégration ou l'assimilation, volontaire ou forcée, continuera malgré tout.

Au delà de ses passionnants points de vue, Le Nouveau Monde est surtout un film inoubliable, une succession de moments sublimes où le magnifique et le désespoir, tout le passage avec la colonie (recherche d'or, personnes affamées...) est horrible, se mêlent.
Le Nouveau Monde est en fait d'une beauté incroyable. C'est difficile à exprimer, à vrai dire, mais de chaque scène du film, même les plus dramatiques, surgit un sentiment de chaleur, qui pourrait s'opposer à la beauté froide des images d'un Stanley Kubrick, quelque chose comme une invitation à l'émerveillement, et à l'apaisement lors des séquences chez les indiens.

Malick met en scène avec un peu de dialogues, si peu de dialogues mais si justes, et des monologues en voix off plus poétiques que vraiment descriptifs. Son sens de l'ellipse et de l'épure rendent son métrage aérien. Pour peu qu'on accepte l'expérience et le regard contemplatif de Malick, ses plans de vols oiseaux et de plaines rayonnantes, nous sommes transportés par Le Nouveau Monde, comme en apesanteur.
La prouesse supplémentaire est sans doute l'empreinte que le film ne manquera pas de me laisser. Je n'ai vu qu'une seule fois La Ligne Rouge pourtant il reste profondément en moi, c'est un film que je ne peux oublier. L'effet est bien le même pour le nouveau film de Malick.
La musique joua d'ailleurs un rôle certain à cette impression. Les chants indonésiens étaient beaux à pleurer. James Horner, aidé par quelques musiques classiques choisies par Malick, signe des partitions riches, en osmose avec l'univers du réalisateur. Bravo.

Brillant de bout en bout, Le Nouveau Monde sera sans doute considérée comme une grande oeuvre, de celles qui n'ont pas besoin d'oscars pour devenir majeures et impérissables.

La scène qui tue : quand Pocahontas reprend le bras de Bale dans les derniers moments du film. Si simple mais si symbolique et si beau.

Mon avis express : Pour son quatrième film en 30 ans, Terrence Malick nous raconte la légende de la très belle Pocahontas et la rencontre difficile entre deux mondes. Mais plus qu'une page dh'istoire, le réalisateur nous offre un film profondément contemplatif, d'une beauté incroyable accentuée par une reconstitution réaliste et une mise en scène épurée et juste. Brillant de bout en bout, Le Nouveau Monde sera sans doute considérée comme une oeuvre majeure. En fait, c'en est déjà une.

Bubba Ho-Tep

Sunday, February 26, 2006
Vu le 22/2/2006 à l'UGC Ciné Cité Les Halles salle 23
Langue : anglais
Conditions : bonnes, j'aime beaucoup ces petites salles pentues.
Post Générique : non, mais l'annonce d'une suite au film!

L'histoire en une phrase : Elvis Presley et John Kennedy doivent faire face à une momie redneck (!).

Critique :

Tourné il y a plus de trois ans, doté d'une réputation flatteuse et d'un statut quasi-culte, Bubba Ho-Tep ne sort que maintenant sur nos écrans et dans une seule salle dans Paris intra muros pour un total d'environ 4000 entrées en première semaine ce qui en fait plutôt un bon succès si bien que les distributeurs auraient du être un peu moins frileux. Je l'ai vu en deuxième semaine et la salle, excellente au demeurant, était encore complète et composée surtout de lecteurs de Mad Movies (ou disons que physiquement, ils ressemblaient beaucoup à l'image que je m'en fais).

Elvis Presley n'est donc pas mort et vit dans une maison de retraite de l'Amérique profonde, la seule personne à croire à son identité étant le président John Kennedy lui-même encore en vie et transformé à son insu en afro-américain. Tout deux vont devoir faire face à une menace terrifiante : une momie égyptienne.
Ce pitch aussi improbable que drolatique pouvait très bien donner un nanard de troisième zone pourtant c'est à tout le contraire que nous assistons. Réalisé et interprété par des routiers de la série B qui croient beaucoup au film, Don Coscarelli, Bruce Campbell et Ossie Davis, Bubba Ho-Tep se révèle être une oeuvre vraiment originale.

Les héros sont non conventionnels vu qu'il s'agit de deux vieillards en bout de course, en particulier cet Elvis Presley esseulé, triste et boudeur, presque impotent. De fait, vu ces héros, Bubba Ho-Tep n'est pas aussi frénétique qu'un Braindead, autre comédie horrifique, mais impose un rythme justifié par ses héros : tranquille.
L'humour est alors omniprésent, parfois vulgaire mais pas de mauvais goût, souvent noir, nantis d'insultes fleuries et autres dialogues idiots : « Ne te demande pas ce que ta maison de repos peut faire pour toi. Demande toi ce que tu peux faire pour ta maison de repos »!

Don Coscarelli n'oublie pas de nous faire peur à plusieurs reprises tout en combinant cette terreur à un second degré convaincant ainsi ce scarabée/cafard amateur de chocolats. Flippant dans une couverture, ses déplacements à découvert sont hilarants et en même temps pathétiques à cause d'effets spéciaux sans doute volontairement Z car le reste des effets sur le film, maquillage et effets numériques, sont tout à fait honorables.

Don Coscarelli aborde aussi intelligemment les thèmes de la solitude et de l'abandon livrant de pertinentes remarques et apportant au film un caractère mélancolique. Et le réalisateur dresse un portrait de ces vieux entêtés et tristes, la scène du dîner dans la maison de repos fait rire mais un peu jaune, proche de la mort, le running gag du film étant la présence presque quotidienne d'un corbillard. Ce sont des hommes et des femmes laissés pour compte alors qu'ils ne demandent finalement qu'un peu d'attention, difficile de ne pas être touché par le remerciement final, ou qu'à vivre, vivre une nouvelle aventure comme le dit si bien Elvis plutôt que s'accrocher à un passé soulignant la décrépitude du présent. Le don des effets personnels son compagnon de chambre par sa fille à Elvis se montre à ce titre révélateurs. Autant de réflexions et de séquences qui tirent Bubba Ho-Tep définitivement vers le haut.

Le film doit aussi beaucoup à l'interprétation de Bruce Campbell qui signe peut-être sa meilleure performance (mais je n'ai pas vu beaucoup de ses films ceci dit) avec cet Elvis Presley très personnel passant la totalité du film allongé ou en déambulateur. Notons que Bubba Ho-Tep semble s'abstenir de reprendre la moindre musique du King, question de budget sans doute...

Et donc : vivement que l'équipe de cette mélancolique tranche de rire accouche d'une suite annoncée, peut-être pour rire, à la fin du générique!

La scène qui tue : la momie qui disparaît subitement, comme par magie, provoquant l'étonnement du King et de JFK. La réalité est très prosaïque!

Mon avis express : Elvis&JFK Versus La Momie. Un combat de choc pour une comédie horrifique vraiment drôle car réalisée et interprétée avec conviction par des routiers de la série B : Don Coscarelli le metteur en scène, Bruce Campbell et Ossie Davis les acteurs. Mais ce qui tire Bubba Ho-Tep vers le haut, c'est la mélancolie planant sur tous le métrage, la nostalgie d'un temps qui décidément n'en finit plus de foutre le camp et qui en abandonne beaucoup sur la route.

13 Tzameti

Vu le 20/2/2006 à l'UGC GeorgeV Salle 11
Langue : français
Conditions : bonnes
Post Générique : non

L'histoire en une phrase : un ouvrier, Sébastien, prend la place d'un homme louche et suit des instructions indiquées par une lettre, source peut-être d'une issue fort lucrative.

Critique :

Il y a d'abord dans 13 Tzameti une bonne idée de départ, celle d'un ouvrier, Sébastien, qui par un concours de circonstances, prend la place d'un homme louche et suit des instructions indiquées par une lettre, source peut-être d'une issue fort lucrative. Cet ouvrier, le réalisateur Géla Babluani prend le temps de nous le présenter lui et sa famille d'origine géorgienne (le réalisateur est géorgien) et de situation très modeste. Les liens sont tissés subtilement, par quelques sourires, peu de dialogues et de jolis plans. On peut toujours dire que le Noir et Blanc fait auteur ou prétentieux, c'est ici très bien et je pense que ce choix rend la suite plus réussie.

En tout cas, 13 Tzameti n'est pas un drame social mais bien un thriller qui démarre vraiment dès que Sébastien suit ces instructions qui forment un passionnant et intriguant jeu de piste pour finalement aboutir à une maison à l'écart de tout où débutera le vrai jeu, un jeu effroyable auquel Sébastien ne pourra se soustraire.

La partie qui se joue dans cette maison, qu'il serait dommage de révéler, est en effet marquante et particulièrement oppressante. Le réalisateur en profite pour nous livrer une belle et dérangeante description de la tension. Si les joueurs portent tous les stigmates de la tension, sueur, peur, mine de plus en plus hagarde comme au bord de la folie... celle-ci s'exprime de manière différente selon leur personnalité entre détachement morbide et intense crise de nerf. Une manière pour Géla Babluani de nous offrir un très beau casting de « gueules » avec en tête l'étonnant et forte tête Aurélien Recoing et également George Babluani, frère du réalisateur, tout en candeur et en incompréhension.
Quant aux spectateurs (dans le film) du jeu, leur cruelle indifférence sur le sort des joueurs tout comme leur excès d'enthousiasme face aux enjeux ajoutent une frénésie malsaine fondée sur le fric et l'amour du jeu.
Mais le plus horriblement réussi demeure l'arbitre, interprété par Pascal Bongard, qui semble complètement possédé, hurlant les ordres jusqu'à s'en briser les cordes vocales. Il fait froid dans le dos et achève de rendre toute cette partie du film presque insoutenable et machiavélique.

Purement fondé sur la terreur psychologique (pas d'effet gore ou de montages biscornus, seulement une mise en scène franche), 13 Tzameti ne donne aucune leçon mais se présente comme une expérience tétanisante sur la mort,
Quant aux dernières séquences, elles témoignent par leur déroulement de la haute tenue d'un scénario cohérent et habile, véritable Voyage Au Bout De l'Enfer (auquel 13 Tzameti est lié) qui font de Géla Babluani un réalisateur très prometteur.
Les films français qui sortent du cadre grosse comédie, film d'auteur ou film de prestige sans flamme (genre Arsène Lupin) ne sont pas nombreux mais il y en a. Et quand c'est un premier film, c'est vraiment réjouissant.

La scène qui tue : la préparation puis l'exécution de la première manche du jeu donne l'impression que Babluani nous a jeté dans l'arène sans prévenir. Forcément inoubliable.

Mon avis express : un ouvrier suit les traces d'un homme louche mais mort. Simple jeu de piste, il se retrouve embarquée dans un engrenage de mort, sans beaucoup d'espoir de retour. Beau noir et blanc, mise en scène franche sans effets toc, le réalisateur Géla Babluani nous invite pour son premier film à une expérience tétanisante précise et parfois insoutenable. Bravo!

Critiques Ciné Express (II)

Saturday, February 25, 2006
La Véritable Histoire Du Chaperon Rouge
Vu le 13/2/2006 à l'UGC George V Salle 8

Distribué par la toute nouvelle société des frères Weinstein, modestement nommée The Weinstein Company, La Véritable Histoire Du Chaperon Rouge est un film d'animation indépendant (mais avec des voix de stars comme Glenn Close, Anne Hathaway, James Belushi...). Si la technique est honnête mais effectivement très en deçà de celle des studios Pixar ou Dreamworks car ce film est tout ce qu'il y a de plus recommandable.
Comme le titre l'indique, les réalisateurs Todd Edwards, Tony Leech, Cory Edwards revisitent le conte de Charles Perrault et l'actualisent à base d'intrigues policières autour d'un vol de recettes et de sport de « djeuns ». Nous n'aurons ainsi pas droit à une mais à quatre versions du conte qui se terminent tous dans la maison de mère grand, autant de versions que de personnages soit le loup, plus curieux que sanguinaire, et le chaperon rouge, plus teigneuse que naïve, mais aussi la grand mère énergique et très secrète et enfin un bûcheron-acteur dont la présence ne s'avérera liée qu'à une étonnant concours de circonstances.

A ce jeu, La Véritable Histoire Du Chaperon Rouge est une réussite. L'humour est à base de nonsense, de situations absurdes (toute la séquence autour du bûcheron) et de parodies de genre à commencer par le polar ainsi cette série d'interrogatoires des protagonistes par une grenouille stylée et hilarante. Des parodies savoureuses qui ont en plus le bon goût de ne pas trop chercher dans la référence directe à l'image de films comme les Scary Movie ou les Shrek. Les auteurs cultivent aussi un sens aguerri du détail idiot, comme lorsque la grenouille attrape une mouche, des bon personnages secondaires, comme les policiers-cochons ou l'écureuil survolté peut-être le personnage le plus drôle du film, et du n'importe quoi maîtrisé ainsi la séquence d'action plutôt mouvementée à ski ou le final grandiloquent façon James Bond
Evitant toute vulgarité, rythmée et vraiment drôle, La Véritable Histoire Du Chaperon Rouge est une bonne surprise et son succès en France (plus de 500 000 entrées) n'est pas volé.

Les Bronzés 3 : Amis Pour La Vie

Vu le 15/2/2006 à l'UGC George V salle 2
Langue : français
Conditions : correctes
Post Générique : même pas. De toute façon, il y avait une bonne dizaine de gros nazes qui restaient debout à bêtement regarder l'écran. On voit quelques images pendant le générique qui est très court.

L'histoire en une phrase : Nathalie, Bernard, Jean-Claude, Popeye, Gigi et Jérôme se retrouvent au soleil dans un hôtel.

Critique :

En 1978, Les Bronzés sort en salle et fait 2.3 millions d'entrées à sa sortie. Succès assez grand, je ne le trouve pas fracassant non plus, qui permet la mise en chantier d'une suite. A peine plus d'un an plus tard, Les Bronzés Font Du Ski sort et s'arrête à 1.5 millions.
La suite, tout le monde la connaît (comme le début), les personnages sont cultes et l'audimat explose à chaque passage à la télévision. Parfois, le film fait plus de part de marchés qu'un épisode de Navarro, c'est dire.

Rappelons un peu les faits, parlons un peu de genre, Les Bronzés est surtout une comédie de moeurs à savoir que le film dissèque une époque où l'accès aux loisirs, aux vacances devenait accessible au plus grand nombre. L'équipe du Splendid souligne les travers d'une micro société cohabitant dans un village de vacances moyen de gamme. Et elle sait de quoi elle parle car les membres ont animé des camps de vacances pendant trois ans (d'où ils tirèrent la pièce Amour, Coquillage Et Crustacés dont Les Bronzés est l'adaptation).
Le collier de perle qui sert de monnaie, les sauts d'eau pendant la photos de groupe, la sortie dans un village « typique », la course en canoë, les jeux du soir... Les Bronzés fourmille de détails précieux pas directement drôles mais qui décrivent une réalité dérisoire et un peu navrante. Dans cette optique, Les Bronzés est vraiment corrosif et nous touche.
A peu de chose près, la satire semble crédible et même réaliste. Je n'ai jamais été dans un village de vacances mais je suis persuadé que l'ambiance devait ressembler à ça. C'est presque une photo de la société de loisir de l'époque, si fine et persuasive que Les Bronzés peut s'abstenir de toute véritable intrigue.
Les Bronzés est aussi indéniablement une comédie de caractères nous faisant découvrir une brochette de beaufs, losers, pétasses et dragueurs de bas étage interprétés avec ferveur et sincérité par une troupe du Splendid en état de grâce.

Les Bronzés fut donc un succès public qui appela une suite mise rapidement en chantier vu que Les Bronzés Font Du Ski sortit un an seulement après le premier film. Faute d'avoir beaucoup de temps (à vrai dire, je me demande comment la production de cette suite fut si rapide) pour peaufiner une nouvelle comédie sur notre société, la troupe du Splendid prolonge la comédie de caractère en choisissant de se focaliser sur les personnages qu'ils ont créés et en poussant la caricature. Indéniablement, le plus réussi est le couple Bernard/Nathalie hallucinant de sans-gêne, de culot et prétention (la séquence où ils virent de leur appartements les copropriétaires est à mourir de rire, « eh! Vous avez oublié votre Scrabble! »).
On constatera que l'humour dans ce second opus est plus direct, plus ouvertement drôle. Le Splendid choisit de ne pas faire dans la dentelle et ça marche : c'est moins subtil, pas forcément plus grinçant, mais on rit. La comédie deviendra aussi culte, voire plus que Les Bronzés car la plupart des gens à qui j'en ai parlé préfère ce film au premier.

Pendant un temps fut évoqué l'idée d'un Bronzés A New-York mais le sort en décida autrement et ce n'est que 25 ans plus tard que sort Les Bronzés 3, Amis Pour La Vie. Bien que l'idée ait été certainement entretenue par des producteurs et/ou les médias, faire un troisième film est avant tout une demande du public. Nombreux sont les fans qui désiraient une suite qui finit par venir. De fait, difficile de dire que Les Bronzés 3 est purement mercantile. Il répond à la demande direct d'un public réjoui de retrouver toute l'équipe réunie à nouveau, même Bruno Moynot, Dominique Lavanant et Martin Lamotte font le déplacement, mais la démarche des acteurs est sans doute sincère surtout que l'idée de refaire un film ensemble leur trottait dans la tête.
J’avais l’espoir de retrouvailles à travers un Astérix 3 réalisé par Jugnot. Le scénario fut hélas refusé par Uderzo pour des raisons plus ou moins liées à un éloignement avec l’esprit des albums ce qui ne peut, par ailleurs, qu’accabler quand on a parcouru la dernière « aventure » du gaulois.

On peut aussi quand même gloser sur le budget de 35 millions d'euros pour un film se déroulant exclusivement dans un hôtel et ses environs (les intérieurs ont été tournés en studio) avec pour effet spécial une explosion de lèvres vraiment ratée. Par comparaison, Un Long Dimanche De Fiançailles a été produit pour 45 millions.

Quant au film, il n'y a pas d'erreur sur la marchandise, ce sont bien les mêmes personnages en pire : le sort s'acharne sur le pauvre Jean Claude Dus, Bernard devient comme paralysé une bonne partie du film, Popeye (qui veut se faire appeler Robert...) est d'une stupidité navrante et a un gros problème de vocabulaire, Jérôme est plus ou moins un SDF, Gigi est toujours aussi nunuche et dessine des chiens. Seule Nathalie, toute grossière qu'elle puisse être, semble encore avoir encore quelque chose en elle qui ne la rende pas irrécupérable.
Sur la papier, je dois reconnaître que ça peut me faire rire. Le verdict pour le troisième opus est pourtant sans appel : je n'ai pas beaucoup ri. J'étais pourtant dans d'assez bonnes dispositions mais les personnages semblent presque creux.

En plus, Les Bronzés 3 multiplie les sous-intrigues vraiment peu intéressantes et prétextes à des situations et quiproquos convenus. Révélation d'homosexualité, marivaudages actuels et passés, trafic de langoustes... autant de micro histoires poussives qui accouchent de situations peu comiques (l'échange du chien par exemple) et qui nous écarte un peu du caractère grinçant des personnages. Quant à cette histoire de bête à grosses griffes, elle laisse assez songeur et montre que Les Bronzés 3 est surtout une farce.

Le film ne fait presque pas dans la comédie de moeurs. Quelques éléments de notre temps sont quand même abordés comme la chirurgie esthétique (les tee-shirts de Clavier sont rigolos). Au fond, ce troisième film pousse encore plus loin le virage amorcé par Les Bronzés Font Du Ski : la caricature et le mauvais goût finissent par régner. Dans ce genre mauvais goût et mauvais esprit, on se souvient d'Espace Détente sortie l'an passé à la même époque. C'est autrement plus réussi.

En retrait, Patrice Leconte ne fait pas grand chose, tente quelques trucs bancals comme une caméra subjective dans l'eau et sa mise en scène est sans surprise. En fait, ça manque même de tonus. Moi qui avait peur de me retrouver dans une comédie frénétique genre Les Couloirs Du Temps, je découvre un film où des potes se retrouvent aussi bien dans le film que dans la vie et qui se remémorent le bon vieux temps en profitant de ce séjour au soleil tout frais payés encore une fois dans le film comme dans la vie.

On pourra toujours dire qu'on passe un bon moment. Ce ne serait pas vraiment faux. Peut-on cependant citer un gag dans Les Bronzés 3 plus drôle que la séquence, par exemple, du « blocage » dans le premier film?
Mais après tout, les acteurs/scénaristes semblent prendre du plaisir à s'acharner sur les personnages qui les ont fait passer à la postérité et il faut relativiser car ce film n'est pas déshonorant du tout et ne sera pas « le film de trop » dans la filmographie des acteurs qui ont tout fait du nanard (Ma Vie Est Un Enfer, Sans Peur Et Sans Reproche) au culte (Le Père Noël Est Une Ordure, Les Visiteurs), du très mauvais (Les Anges Gardiens, Les Soeurs Soleil) au très bon film (Les Ripoux, Mes Meilleurs Copains, Twist Again A Moscou). L'équipe du Splendid n'avait de toute façon rien à prouver.

Autre raison d'être indulgent : l'effet « première fois ». Je repense aux deux premiers films et je me demande : si je les voyais aujourd'hui, aurais-je le même regard? Trouverais-ja ça « culte »? Difficile de répondre. Peut-être que dans le temps, j'en doute cependant, Les Bronzés 3 saura trouver sa place dans le panthéon des comédies.
La conclusion est aussi que peut-être, dans la durée, je préfère les comédies de moeurs.

La scène qui tue : rien de démentiel mais Lavanant est assez drôle avec ses postures "indiennes". Notons que son style a provoqué une polémique.

Mon avis express : Après 25 ans d'attente, Les Bronzés reviennent et effectivement ils sont les mêmes en pire. Loin de la comédie de moeurs d'antan, ce troisième film lorgne vers la farce et multiplie les intrigues poussives platement mises en scène. On ne doute pas de la sincérité des auteurs mais si leur bonne humeur est communicative, leur humour dans ce film l'est hélas beaucoup moins.