Innocence
Innocence (Ou le plus belle âge)
Vu le 18/01/2005 à l'UGC Triomphe salle 2
Conditions : bonnes. C'est la salle où j'ai vu pour la première fois le magnifique Bloody Sunday.
Lucile Hadzihalilovic a participé au montage de certains films de Gaspard Noé dont le film Irréversible ne m'avait que moyennement plu. Bien foutu, même très bien avec de jolis moments mais parfois un peu trop de tape à l'oeil et nantis un propos un peu nul. Je retiendrais malgré tout une fin (enfin un début) explosif. Innocence lui est dédié.
Innocence se déroule exclusivement dans un domaine clos (il n'y a visiblement pas de portes de sorties dans ce château et ses dépendances) où vivent cinq groupes de jeunes filles identiques âgées de 6 à 11 ans environ. Dans ce pensionnat étrange, on n'enseigne que les sciences naturelles et la danse. Les filles vivent sans presque aucune contrainte à l'abri du monde extérieur.
De ce point de départ intriguant, Lucile Hadzihalilivic multiplie les mystères jusqu'à plus soif. Le spectateur amoureux des énigmes à la Usual Suspect en fera les frais car Innocence n'apporte que peu de réponses : soit elles ne sont pas révélées (où vont les filles choisies par la directrice, choix fondé sur leurs talents de danseuses mais aussi sur la taille de leur cou et l'aspect de leurs dents?) soit le mystère révélé est sans intérêt (à se demander pourquoi les ainées de chaque groupe cache ce qu'elles font le soir) soit la révélation est si lourde de symbolisme qu'on ne sait plus trop quoi penser.
Il y aura toujours des intellos pour aimer tout ça et moi je pourrais toujours dire qu'on n'est pas obligé de surcharger en symboles un film dont le sujet, le passage à l'âge adulte, semble à première vu connu mais peut-être suis-je passé à côté du vrai sujet? Je persiste à opter pour l'exercice de style frustrant et vain.
Reste l'ambiance. Car le plus agaçant est que le suspense fonctionne bel et bien : on veut savoir ce qui va se passer. Cette volonté de marquer le temps qui passe n'y est pas pour rien. De nombreux cycles sont définies dans Innocence : l'arrivée de la nouvelle, le passage des rubans pour cheveux, les saisons très marquées... Outre ces cycles, la réalisatrice change les points de vue commençant par centrer l'histoire sur la nouvelle, la plus jeune, puis sur la fille au ruban bleu qui prépare le concours de danse, puis enfin sur l'aînée. Approche originale qui nous donne l'impression de suivre l'évolution de la même personne.
Et c'est très joliment filmé avec de belles couleurs et des tons qui rappelle bien Pique Nique A Hanging Rock de Peter Weir. Ambiance innocente mais aussi inquiétante comme si une menace planait perpétuellement dans l'air.
Pour le coup, Pique Nique A Hanging Rock était plus réussi et Peter Weir continue à être bon. Souhaitons la même carrière à Lucile Hadzihalilivic en espérant cependant qu'elle ne donne pas l'impression de ne pas savoir où mener son récit. Peut-être a t'elle raison cela dit, aucune explication vaut parfois mieux qu'une mauvaise explication.
La scène qui tue : sans, l'ambiance demeure constante tout au long du film.
Revoir le film : non. A la télé, je risque de m'emmerder. Autant le dire : c'est un film qu'il faut ranger dans la catégorie auteur auteurisant. Mais avec style.
Vu le 18/01/2005 à l'UGC Triomphe salle 2
Conditions : bonnes. C'est la salle où j'ai vu pour la première fois le magnifique Bloody Sunday.
Lucile Hadzihalilovic a participé au montage de certains films de Gaspard Noé dont le film Irréversible ne m'avait que moyennement plu. Bien foutu, même très bien avec de jolis moments mais parfois un peu trop de tape à l'oeil et nantis un propos un peu nul. Je retiendrais malgré tout une fin (enfin un début) explosif. Innocence lui est dédié.
Innocence se déroule exclusivement dans un domaine clos (il n'y a visiblement pas de portes de sorties dans ce château et ses dépendances) où vivent cinq groupes de jeunes filles identiques âgées de 6 à 11 ans environ. Dans ce pensionnat étrange, on n'enseigne que les sciences naturelles et la danse. Les filles vivent sans presque aucune contrainte à l'abri du monde extérieur.
De ce point de départ intriguant, Lucile Hadzihalilivic multiplie les mystères jusqu'à plus soif. Le spectateur amoureux des énigmes à la Usual Suspect en fera les frais car Innocence n'apporte que peu de réponses : soit elles ne sont pas révélées (où vont les filles choisies par la directrice, choix fondé sur leurs talents de danseuses mais aussi sur la taille de leur cou et l'aspect de leurs dents?) soit le mystère révélé est sans intérêt (à se demander pourquoi les ainées de chaque groupe cache ce qu'elles font le soir) soit la révélation est si lourde de symbolisme qu'on ne sait plus trop quoi penser.
Il y aura toujours des intellos pour aimer tout ça et moi je pourrais toujours dire qu'on n'est pas obligé de surcharger en symboles un film dont le sujet, le passage à l'âge adulte, semble à première vu connu mais peut-être suis-je passé à côté du vrai sujet? Je persiste à opter pour l'exercice de style frustrant et vain.
Reste l'ambiance. Car le plus agaçant est que le suspense fonctionne bel et bien : on veut savoir ce qui va se passer. Cette volonté de marquer le temps qui passe n'y est pas pour rien. De nombreux cycles sont définies dans Innocence : l'arrivée de la nouvelle, le passage des rubans pour cheveux, les saisons très marquées... Outre ces cycles, la réalisatrice change les points de vue commençant par centrer l'histoire sur la nouvelle, la plus jeune, puis sur la fille au ruban bleu qui prépare le concours de danse, puis enfin sur l'aînée. Approche originale qui nous donne l'impression de suivre l'évolution de la même personne.
Et c'est très joliment filmé avec de belles couleurs et des tons qui rappelle bien Pique Nique A Hanging Rock de Peter Weir. Ambiance innocente mais aussi inquiétante comme si une menace planait perpétuellement dans l'air.
Pour le coup, Pique Nique A Hanging Rock était plus réussi et Peter Weir continue à être bon. Souhaitons la même carrière à Lucile Hadzihalilivic en espérant cependant qu'elle ne donne pas l'impression de ne pas savoir où mener son récit. Peut-être a t'elle raison cela dit, aucune explication vaut parfois mieux qu'une mauvaise explication.
La scène qui tue : sans, l'ambiance demeure constante tout au long du film.
Revoir le film : non. A la télé, je risque de m'emmerder. Autant le dire : c'est un film qu'il faut ranger dans la catégorie auteur auteurisant. Mais avec style.