Le Couperet
Vu le 2/3/2005 à l'UGC Georges V salle 1 (balcon)
Conditions : correctes
Post-Générique : non
Le Couperet ou la vie de Bruno Davert qui, après deux ans de chômage, finit par se résoudre à tuer ses "adversaires" i.e les personnes ayant le même profil professionnel que lui. Costa-Gavras a donc entre les mains un script auquel on pourrait donner des allures de thriller ou des allures de pamphlet social très ancré dans la réalité. En pleine confiance (ou simplement indécis), il décide de mener ces deux aspects de front.
Le Couperet est donc un thriller plutôt haletant avec une mise en scène solide où se superposent plusieurs intrigues (outre ses meurtres, Davert est au bord d'une avec sa famille). Le réalisateur s'attache aussi à détailler avec soin et sous un angle très réaliste comment un homme qui n'a jamais tué personne va mettre en oeuvre toute une série de meurtres. Plusieurs scènes s'intéressent ainsi à la quête d'un pistolet, à l'apprentissage du tir, à la préparation du meurtre, aux bavures. La quête de Davert n'est pas facile, n'est pas amusante. Il a peur, ses mains tremblent, son épaule le fait souffrir chaque fois qu'il tire. Et comme il le dit lui-même, c'est toujours difficile de tuer quelqu'un, même passé la première fois.
Les meurtres, qui touchent des personnes "équivalentes" professionnellement, ne passent pas inaperçus. Un climat de paranoïa s'instaure, l'angoisse de cet héros devient palpable tant il se sent de plus en plus acculé à tout avouer, à sa femme et à la police. Des moments de grands suspense où les rebondissements fusent, les intrigues se recoupent, et où on finit pas presque avoir peur pour le héros, tour de force de Costa-Gavras qui nous fait rendre sympathique cet homme perdu et forcé d'en venir à des solutions expéditives. Une situation qui met mal à l'aise surtout lorsqu'on sait que les cibles de Davert sont parfois pathétiques. Ainsi l'une de ses futures victimes est un homme qui perdu son boulot depuis plus longtemps que lui et dont femme, et les enfants, l'ont abandonné, le mettant dans une situation plus précaire encore que celle de Davert.
Et bien sur, on ne peut pas trop savoir comment tout ceci va se terminer. Comme un recommencement?
Le Couperet, c'est donc aussi un pamphlet social. Un constat des effets du "Turbo Capitalisme" où Davert est devenu un "Serial Killer Social". Le film dresse un portrait de la dégénérescence de notre société : délocalisation, paiement outrancier des actionnaires, RMIstes en pagaille... la charge contre l'argent-roi est lourde. Trop peut-être, à l'image de ces affiches de femmes en sous-vêtements qui jalonnent le film. La faute à ce turbo capitalisme, va t'on dire. de ce point de vue, le film de Costa-Gavras ne risque pas de créer de polémique dans notre société dont la plupart des acteurs sont acquis à ce constat.
Costa-Gavras s'en tire un peu mieux dans sa description du chômage, des entretiens d'embauche, de la dépersonnification de la personne, du caractère parfois arbitraire des licenciements des personnes compétentes et utiles. En faisant ça, "On se tire une balle dans le pied" comme le dit une des victimes de Davert. On rit même jaune dans cette scène grotesque chez le psychologue. Celui-ci lui fait un discours moralisateur et débile où il faut positiver le chômage (la positive attitude!). Scène grotesque dans son énormité surtout que José Garcia et Karin Viard semblent faire exprès de surjouer. L'humour, noir bien sur, est d'ailleurs très présent dans le film, au détour de situations grotesques comme la précédente ou des dialogues décalés.
Aussi à l'aise dans ces passages humoristiques que dans les séquences dramatiques, José Garcia s'impose avec un talent qu'on savait immense. Un acteur complet semble prendre forme. Le reste du casting est au diapason. Ce n'est pas une nouveauté de dire que Karin Viard est parfaite et vraie tandis qu'Olivier Gourmet en super pro de la chimie du papier est inattendu.
Le couperet est donc très réussi en tant que thriller et bien ancré dans une réalité plutôt glauque. Reste que les raisons que Costa-Gavras sous entend pour expliquer cette réalité sont très discutables. Le grand Capital a toujours eu bon dos.
La scène qui tue : la confrontation entre Garcia et un de ses rivaux dans une cabine d'essayage. Triste.
Revoir le film : oui
Conditions : correctes
Post-Générique : non
Le Couperet ou la vie de Bruno Davert qui, après deux ans de chômage, finit par se résoudre à tuer ses "adversaires" i.e les personnes ayant le même profil professionnel que lui. Costa-Gavras a donc entre les mains un script auquel on pourrait donner des allures de thriller ou des allures de pamphlet social très ancré dans la réalité. En pleine confiance (ou simplement indécis), il décide de mener ces deux aspects de front.
Le Couperet est donc un thriller plutôt haletant avec une mise en scène solide où se superposent plusieurs intrigues (outre ses meurtres, Davert est au bord d'une avec sa famille). Le réalisateur s'attache aussi à détailler avec soin et sous un angle très réaliste comment un homme qui n'a jamais tué personne va mettre en oeuvre toute une série de meurtres. Plusieurs scènes s'intéressent ainsi à la quête d'un pistolet, à l'apprentissage du tir, à la préparation du meurtre, aux bavures. La quête de Davert n'est pas facile, n'est pas amusante. Il a peur, ses mains tremblent, son épaule le fait souffrir chaque fois qu'il tire. Et comme il le dit lui-même, c'est toujours difficile de tuer quelqu'un, même passé la première fois.
Les meurtres, qui touchent des personnes "équivalentes" professionnellement, ne passent pas inaperçus. Un climat de paranoïa s'instaure, l'angoisse de cet héros devient palpable tant il se sent de plus en plus acculé à tout avouer, à sa femme et à la police. Des moments de grands suspense où les rebondissements fusent, les intrigues se recoupent, et où on finit pas presque avoir peur pour le héros, tour de force de Costa-Gavras qui nous fait rendre sympathique cet homme perdu et forcé d'en venir à des solutions expéditives. Une situation qui met mal à l'aise surtout lorsqu'on sait que les cibles de Davert sont parfois pathétiques. Ainsi l'une de ses futures victimes est un homme qui perdu son boulot depuis plus longtemps que lui et dont femme, et les enfants, l'ont abandonné, le mettant dans une situation plus précaire encore que celle de Davert.
Et bien sur, on ne peut pas trop savoir comment tout ceci va se terminer. Comme un recommencement?
Le Couperet, c'est donc aussi un pamphlet social. Un constat des effets du "Turbo Capitalisme" où Davert est devenu un "Serial Killer Social". Le film dresse un portrait de la dégénérescence de notre société : délocalisation, paiement outrancier des actionnaires, RMIstes en pagaille... la charge contre l'argent-roi est lourde. Trop peut-être, à l'image de ces affiches de femmes en sous-vêtements qui jalonnent le film. La faute à ce turbo capitalisme, va t'on dire. de ce point de vue, le film de Costa-Gavras ne risque pas de créer de polémique dans notre société dont la plupart des acteurs sont acquis à ce constat.
Costa-Gavras s'en tire un peu mieux dans sa description du chômage, des entretiens d'embauche, de la dépersonnification de la personne, du caractère parfois arbitraire des licenciements des personnes compétentes et utiles. En faisant ça, "On se tire une balle dans le pied" comme le dit une des victimes de Davert. On rit même jaune dans cette scène grotesque chez le psychologue. Celui-ci lui fait un discours moralisateur et débile où il faut positiver le chômage (la positive attitude!). Scène grotesque dans son énormité surtout que José Garcia et Karin Viard semblent faire exprès de surjouer. L'humour, noir bien sur, est d'ailleurs très présent dans le film, au détour de situations grotesques comme la précédente ou des dialogues décalés.
Aussi à l'aise dans ces passages humoristiques que dans les séquences dramatiques, José Garcia s'impose avec un talent qu'on savait immense. Un acteur complet semble prendre forme. Le reste du casting est au diapason. Ce n'est pas une nouveauté de dire que Karin Viard est parfaite et vraie tandis qu'Olivier Gourmet en super pro de la chimie du papier est inattendu.
Le couperet est donc très réussi en tant que thriller et bien ancré dans une réalité plutôt glauque. Reste que les raisons que Costa-Gavras sous entend pour expliquer cette réalité sont très discutables. Le grand Capital a toujours eu bon dos.
La scène qui tue : la confrontation entre Garcia et un de ses rivaux dans une cabine d'essayage. Triste.
Revoir le film : oui
Voilà un très bon film que je reverrai avec plaisir. Avec un Costa Gavaras en pleine forme, revenant sur un sujet de société, comme il l'avait fait pour Mad City mais en rajoutant ce coup ci une bonne dose d'humour noir.
José garcia est époustouflant dans ce rôle de serial killer du dimanche, tout comme le reste du casting.
Si ce n'est pas le meilleur film de Costa Gavras (Z oblige), il n'en reste pas moins le meilleur film français que j'ai pu voir cette année.
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