Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

Lemming

Vu le 16/5/2005 à l'UGC George V salle 1 (balcon)
Langue : français
Conditions : bonnes
Post Générique : non

Alain et Bénédicte ont tout pour être heureux et le sont. Tout bascule lors d'un dîner avec le patron d'Alain et sa femme, Alice et Richard. Personne ne s'en sortira indemne. Ou peut-être que si sait-on jamais...

Lemming est un film calme où jamais ou presque les sentiments seront exacerbés. Mais ce calme n'est qu'une façade qui s'effrite. Peu à peu le mystère et l'étrangeté surgissent de partout. Le réalisateur Dominik Moll ne laisse en effet rien au hasard et capte avec une facilité déconcertante notre attention et notre intérêt. Le mécanisme est à la limite de l'étouffant surtout lorsque Lemming flirte avec le fantastique, dans le chalet suisse notamment, et la terreur pur. Car le film fait peur, musique implacable et éclairages tout en ombre en prime.

Si son intrigue est parfois prévisible, Moll nous délecte en prenant des chemins détournés et surprenants comme l'intrusion de ce lemming (une sorte de hamster du nord) dans les canalisations, un accident de voiture inattendu, une visite "squattage" impromptue d'Alice chez le couple Alain/Bénédicte...

On pourrait énumérer une bonne dizaine de moments étonnants de maîtrise et qui sont tous diablement bien intégrés au film et à son intrigue comme si le réalisateur avait voulu absolument que tout fasse sens. Pour obtenir un tel degré de réussite, il fallait avoir un bon quatuor d'acteurs. Et c'est le cas. André Dussolier joue un patron sympathique et bon vivant mais aussi cruel et dominateur. Charlotte Rampling, qui joue sa femme, avec son regard de haut morbide et son charme intemporel terrifie et séduit.

L'autre Charlotte, Gainsbourg, m'a carrément surpris. Le choix d'une telle actrice pour ce rôle est très pertinent. Bénédicte est une femme douce, la douceur même, qui va devenir de plus en plus liée à Alice. Ses éclats de voix et son mépris feront d'autant plus froid dans le dos.

Enfin, tout en retenue, tout en violence contenue, Laurent Lucas joue Alain. Il est le regard du spectateur, ses yeux soulignent l'incompréhension et l'impuissance. il est un homme "normal", gentiment naïf, aimable et satisfait. Sa présentation de la caméra volante au début du film est épatante. Sans exagération, sans effet, Laurent Lucas fait corps avec l'ambiance du film. Encore une performance incroyable après Calvaire. Serait-il un acteur important? Je suis admiratif de son jeu et je crois qu'il me faut désormais me déplacer à chacun de ses films.

Après l'excellent Harry, Un Ami Qui Vous Veut Du Bien, Moll confirme qu'il a l'art et la manière de faire un bon thriller. Un thriller infernal et flippant, machiavélique jusqu'au final (très bon final comme dans Harry d'ailleurs). Le réalisateur a un style unique et demeure un excellent représentant d'une création française tout à fait exportable. Après Mon Petit Doigt M'A Dit et Anthony Zimmer, je vois des bons films français en ce moment!

La scène qui tue : le seul moment où Alain, à bout, s'énerve quelques secondes. Superbe, drôle. Et terrible.

Revoir le film : oui mais je ne pense pas à l'achat du DVD. Quoique.
« Home | Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »
| Next »

» Post a Comment