Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

Mon Petit Doigt M'A Dit

Vu le 14/4/2005 à l'UCG Georges V salle 1 (balcon)
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post Générique : non

Qu'on se le dise, Prudence Beresford a déjà vu la maison peinte sur ce tableau. Mais où? Il n'en faut pas plus pour qu'elle mène son enquête entraînant son mari Bélisaire qui subit l'esprit tortueux et monopolisant de sa femme sans aucun répit. Mais il le reconnaît lui-même : c'est pour ça qu'il l'a épousé.

Mon Petit Doigt M'A Dit fait parti de ce groupe de films qui me plaisent dès les premiers instants avec ses dialogues ciselés et ironiques et ses décors qui ont le soucis du détail. Leur maison est un bijou et la région savoyarde est très jolie. En quelques minutes, le réalisateur Pascal Thomas présente un "vieux" couple qui mène une vie tranquille et qui juge le monde d'un oeil expérimenté et cynique. Le duo d'acteur est mémorable entre Catherine Frot obstinée et égoïste, et André Dussolier, soumis et amoureux. Tout deux sont charmants avec leur petite vie à l'écart et dont l'apparition inopinée de leur fille et sa famille provoque des frayeurs!

L'atmosphère particulière du film s'impose dans les instants qui suivent lors d'une visite de la tante de Bélisaire à la maison de retraite. Une tante peut-être folle - feint-elle de ne pas reconnaître la femme de son neveu? - et certainement parano. Il faut bien avouer que la directrice de cette luxueuse maison de retraite est soucieuse de la santé de ses "clients" mais également très condescendante envers eux et plus proches des animaux... Et bien sur il y a Rose habillée avec une robe blanche (Genevièvre Bujold, superbe), elle aussi apparemment folle. Elle répète à Prudence des phrases mystérieuse et lui propose son verre de lait :"Celui-ci n'est pas empoisonnée".

C'est ainsi que s'instaure un climat de secrets et d'apparences trompeuses auquel s'ajoute un humour décalé constant où les réunions de l'armée, Bélisaire et Prudence sont officiers, s'effectuent en masque à gaz... Et les enquêtes parallèles de Prudence et Bélisaire seront propices aux rencontres les plus improbables avec des personnages troubles malgré leur apparence notable - curé, notaire, artistes... Le talent de Pascal Thomas explose dans cette facilité à diriger un casting hétéroclite et riche en gueules pour servir un suspense solide.

Car Le film est une adaptation d'un roman d'Agatha Christie et, si Pascal Thomas semble s'approprier l'humour british, il n'oublie pas non plus de mettre en scène une histoire avec un village trop tranquille, des suspects en pagailles et des rebondissements nombreux, le tout sur un fond terriblement grave, mais avec une forme définitivement enjouée.

Jaillit d'ailleurs avec ce film mon goût pour le décalage, la volonté de raconter les histoires les plus sombres dans un ton ni dramatique, ni ouvertement comique mais avec une douce mélancolie ou une légère bonne humeur. On ne se marre pas pour autant car le film intrigue jusqu'aux dernières scènes dans l'ombre, réellement terrifiantes et la répétition de la comptine "by the pricking of my thumbs", comptine enfantine, entêtante.. et inquiétante.

Mon Petit Doigt M'A Dit sera sans doute l'un des meilleurs films français cette année et certainement le plus ludique et le plus maîtrisé. Pascal Thomas me touche donc encore après Mercredi, Folle Journée, un de mes coups de coeur de ces dernières années. Et en plus dans un genre très différent de ce qu'il fait habituellement. Chapeau!

La scène qui tue : les séquences dans la maison de retraite qui mettent en place avec la manière l'atmosphère et l'intrigue du film.

Revoir le film : oui. Achat obligatoire du film en DVD. Je crois que je vais adorer le revoir et le montrer.
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