Le Crime Farpait
Vu le 24/5/2005 à l'UCG Odéon Salle 3
Langue : espagnol
Conditions : bonnes
Post Générique : non
Lourdes est amoureuse Rafaël mais celui-ci, fasciné par le beau et la perfection, ne fait même pas attention à elle. Un "accident" va lui donner sa chance.
Le Crime Farpait est le deuxième film espagnol que je vois au cinéma cette année après Tellement Proche! ainsi que mon tout premier film d'Alex de la Iglesia. Enfin pourrais-je dire depuis le temps que j'entends parler de ce réalisateur. Surprise, la vedette principale, Guillermo Toledo, tient aussi le haut de l'affiche dans Tellement Proche! L'occasion pour l'acteur de confirmer tout le bien que je pense de lui.
En véritable maître de cérémonie, le héros Rafaël présente lui-même sa vie dans un monologue virevoltant et rempli de mépris et d'arrogance jouissifs. Plus qu'une belle entrée en matière, l'introduction raconte un mode de vie.
Rafaël a la belle vie. Il est beau et encore jeune. Il a une belle situation, responsable de l'habillement féminin dans un grand magasin, et n'hésite pas à effectuer ses escapades amoureuses la nuit sur son lieu de travail! Une vie et une réussite que beaucoup envieraient. Rafaël explique qu'il a décidé de vivre ses fantasmes et nous présente sa destinée refusant une vie familiale monotone et insipide mais une vie parfaite entourée de gens beaux et/ou à ses pieds, de belles choses, de voitures impeccables, bref une vie de grand magasin. Il a même été conçu dans un grand magasin (!) et Rafaël a l'intention de passer son temps dans ce microcosme qu'il considère parfait.
Cet itinéraire tout tracé sera bouleversé par un meurtre et une jeune femme amoureuse, Lourdes, mais ne répondant pas aux critères de beauté de Rafaël... Le Crime Farpait est finalement la lutte d'un homme qui refusera la vie que les événements personnifiés par cette femme manipulatrice vont lui imposer.
L'humour noir d'Alex de la Iglesia frappe alors très fort. On pourrait voir ça comme une critique acérée de notre société de consommation mais de la Iglesia va plus loin en s'interrogeant sur le comportement des individus eux-mêmes dans cette société. Loin de l'inversion conventionnel du style beau méchant et de la laide gentille, le réalisateur s'amuse à dépeindre une brochette d'individus navrants et mauvais, tous avec des intentions égoïstes. Lourdes, laide et rejetée, profite d'une occasion tant espérée pour transformer Rafaël en un objet lui servant à assouvir tous ses désirs, pas seulement sexuels.
Sa critique devient particulièrement virulente lors du dîner dans la famille de Lourdes car le trait n'est que finalement peu exagéré : sa famille est une famille pathétique mais réaliste avec une soeur colérique, une mère à l'ouest et un papa se réfugiant dans le sommeil ou la collection de miniatures. En fin de compte, pas un personnage ne rattrape l'autre, Alex de la Iglesia ne donne aucune alternative comme si le bonheur, toc, familial ou parfait, n'était pas accessible ou au prix des bassesses les plus totales. La faute à cette humanité hargneuse et vile.
Mais il délivre ce triste constat dans la bonne humeur. Je ne suis pas un grand fan des comédies noires sans doute parce que je n'aime pas les films racontant la déchéance humaine où les traits sont si caricaturés et amers qu'ils peinent à imager une quelconque réalité. Ces films finissent souvent par devenir complaisants, graveleux et énervants. Le dernier exemple en date étant La Confiance Règne de Chatiliez qui signa avec ce film une vraie comédie noire ratée.
A l'opposé, Le Crime Farpait est une comédie noire qui trouve le ton juste et le bon tempo. La mise en scène d'Alex de la Iglesia est diablement bien mouvementée et sa réalisation percutante (Ah ce beau travelling arrière à travers deux voitures...). Il n'hésite pas à lorgner vers le fantastique, Rafaël dissertant longuement avec sa "conscience", et mise sur des effets pyrotechniques superbes pour transformer son grand magasin en un véritable enfer.
Ne reste plus qu'à mettre en place le crime annoncé dans le titre. Que dire d'autre sinon qu'il est surprenant et rondement, ou plutôt farpaitement, mené s'achevant sur un monologue gonflé et jubilatoire mais aussi (par excès de politiquement correct, je dirais hélas) lucide sur la place des moches dans notre monde. Pour la petite histoire, le "farpaitement" du titre est vraiment tiré d'un album d'Astérix, Les Lauriers De César.
L'épilogue m'a semblé un peu baclé mais il est quand même rigolo et le plan final est très beau. Film également sur la peur de l'engagement et l'amour fou flirtant avec la haine, Le Crime Farpait est un film fabuleux qui me donne envie de plonger dans la filmo de son auteur.
La scène qui tue : le monologue d'entrée est vraiment un bijou.
Revoir le film : oui. Achat direct en DVD prévu.
Langue : espagnol
Conditions : bonnes
Post Générique : non
Lourdes est amoureuse Rafaël mais celui-ci, fasciné par le beau et la perfection, ne fait même pas attention à elle. Un "accident" va lui donner sa chance.
Le Crime Farpait est le deuxième film espagnol que je vois au cinéma cette année après Tellement Proche! ainsi que mon tout premier film d'Alex de la Iglesia. Enfin pourrais-je dire depuis le temps que j'entends parler de ce réalisateur. Surprise, la vedette principale, Guillermo Toledo, tient aussi le haut de l'affiche dans Tellement Proche! L'occasion pour l'acteur de confirmer tout le bien que je pense de lui.
En véritable maître de cérémonie, le héros Rafaël présente lui-même sa vie dans un monologue virevoltant et rempli de mépris et d'arrogance jouissifs. Plus qu'une belle entrée en matière, l'introduction raconte un mode de vie.
Rafaël a la belle vie. Il est beau et encore jeune. Il a une belle situation, responsable de l'habillement féminin dans un grand magasin, et n'hésite pas à effectuer ses escapades amoureuses la nuit sur son lieu de travail! Une vie et une réussite que beaucoup envieraient. Rafaël explique qu'il a décidé de vivre ses fantasmes et nous présente sa destinée refusant une vie familiale monotone et insipide mais une vie parfaite entourée de gens beaux et/ou à ses pieds, de belles choses, de voitures impeccables, bref une vie de grand magasin. Il a même été conçu dans un grand magasin (!) et Rafaël a l'intention de passer son temps dans ce microcosme qu'il considère parfait.
Cet itinéraire tout tracé sera bouleversé par un meurtre et une jeune femme amoureuse, Lourdes, mais ne répondant pas aux critères de beauté de Rafaël... Le Crime Farpait est finalement la lutte d'un homme qui refusera la vie que les événements personnifiés par cette femme manipulatrice vont lui imposer.
L'humour noir d'Alex de la Iglesia frappe alors très fort. On pourrait voir ça comme une critique acérée de notre société de consommation mais de la Iglesia va plus loin en s'interrogeant sur le comportement des individus eux-mêmes dans cette société. Loin de l'inversion conventionnel du style beau méchant et de la laide gentille, le réalisateur s'amuse à dépeindre une brochette d'individus navrants et mauvais, tous avec des intentions égoïstes. Lourdes, laide et rejetée, profite d'une occasion tant espérée pour transformer Rafaël en un objet lui servant à assouvir tous ses désirs, pas seulement sexuels.
Sa critique devient particulièrement virulente lors du dîner dans la famille de Lourdes car le trait n'est que finalement peu exagéré : sa famille est une famille pathétique mais réaliste avec une soeur colérique, une mère à l'ouest et un papa se réfugiant dans le sommeil ou la collection de miniatures. En fin de compte, pas un personnage ne rattrape l'autre, Alex de la Iglesia ne donne aucune alternative comme si le bonheur, toc, familial ou parfait, n'était pas accessible ou au prix des bassesses les plus totales. La faute à cette humanité hargneuse et vile.
Mais il délivre ce triste constat dans la bonne humeur. Je ne suis pas un grand fan des comédies noires sans doute parce que je n'aime pas les films racontant la déchéance humaine où les traits sont si caricaturés et amers qu'ils peinent à imager une quelconque réalité. Ces films finissent souvent par devenir complaisants, graveleux et énervants. Le dernier exemple en date étant La Confiance Règne de Chatiliez qui signa avec ce film une vraie comédie noire ratée.
A l'opposé, Le Crime Farpait est une comédie noire qui trouve le ton juste et le bon tempo. La mise en scène d'Alex de la Iglesia est diablement bien mouvementée et sa réalisation percutante (Ah ce beau travelling arrière à travers deux voitures...). Il n'hésite pas à lorgner vers le fantastique, Rafaël dissertant longuement avec sa "conscience", et mise sur des effets pyrotechniques superbes pour transformer son grand magasin en un véritable enfer.
Ne reste plus qu'à mettre en place le crime annoncé dans le titre. Que dire d'autre sinon qu'il est surprenant et rondement, ou plutôt farpaitement, mené s'achevant sur un monologue gonflé et jubilatoire mais aussi (par excès de politiquement correct, je dirais hélas) lucide sur la place des moches dans notre monde. Pour la petite histoire, le "farpaitement" du titre est vraiment tiré d'un album d'Astérix, Les Lauriers De César.
L'épilogue m'a semblé un peu baclé mais il est quand même rigolo et le plan final est très beau. Film également sur la peur de l'engagement et l'amour fou flirtant avec la haine, Le Crime Farpait est un film fabuleux qui me donne envie de plonger dans la filmo de son auteur.
La scène qui tue : le monologue d'entrée est vraiment un bijou.
Revoir le film : oui. Achat direct en DVD prévu.