Broken Flowers
Vu le 14/9/2005 à l'UGC Normandie Salle 1
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post Générique : non
L'histoire en une phrase : Don Johnston, un Don Juan vieillissant, part à la recherche de ses anciennes conquêtes pour savoir si l'une d'elles était celle qui lui avait révélé par courrier qu'il était le père d'un garçon de 19 ans.
Broken Flowers démarre presque comme une comédie policière. Don Johnston est un parvenu riche et célibataire dont la dernière conquête vient de le plaquer. Désabusé, seul sur son canapé, il donne l'impression de ne plus vivre et cette lettre anonyme lui annonçant un fils caché parti à sa recherche ne semble l'atteindre qu'intérieurement.
Mais Don a comme un alter ego : son voisin Winston (Jeffrey Wright, très drôle) qui envie sa vie de Don Juan et qui prend les décisions à sa place. Il vit pour lui et à travers lui. Tel un détective zélé, il prend à bras le corps cette histoire de lettre anonyme, retrouve la trace des anciennes conquêtes de Don et lui prépare un plan d'action. Ces scènes d'enquêtes/préparatifs où Don passe son temps sur son canapé, chez ses voisins ou dans un café sont drôles, parfois hilarantes. Et en même temps, la mélancolie plane, Don semble soumis, résigné mais aussi presque redevable envers son voisin qui le pousse à agir.
Ainsi commence un curieux Road Trip dont le but est la rencontre avec les femmes de sa vie, des femmes aux destins et aux personnalités hétéroclites.
- Veuve joyeuse et mère délurée d'une allumeuse prénommée innocemment Lolita,
- Ancienne hippie devenue bourgeoise. Une scène de dîner coincée décrit une femme pleine de ressentiment, de (mauvais?) souvenirs et de regrets contenues. Un personnage entre The Hours et Desperate Housewives,
- Une dépressive paumée qui s'est visiblement très mal remis de leur relation,
- Une babacool un peu lesbienne qui sait parler aux animaux.
Des retrouvailles cocasses, drôles, parfois nostalgiques et même violentes.
Les dialogues sont presque convenues pour ce genre de rencontre. Les femmes racontent leur vie mais sans ouvertement revenir sur leur relation passée avec Don, comme si finalement celle-ci n'avait pas eu vraiment d'emprise sur elle (peu des femmes le reconnaissent).
Ce ne sont pas les mots chez Jim Jarmusch qui vont raconter le passé mais des détails, des décors que Don regardent fugitivement en également trouver une preuve de l'existence de son hypothétique fils. Ce sont aussi le regard des femmes, leur attitude lorsqu'elles le reconnaissent, quand elles lui parlent ou l'écoutent. Don voit son passé à travers elles.
Les quatre actrices, Sharon Stone, Frances Conroy (Ruth dans Six Feet Under), Tilda Swinton, Jessica Lange) apportent bien entendu beaucoup au film, à la personnalité de leur personnage car il n'est pas simple de se référer au passer sans le raconter.
Et Bill Murray reste toujours au dessus de la mêlée, aussi bien l'acteur que son personnage. Bill Murray est ce Don Juan. Au gré de mes lectures, j'ai constaté que le faciès de Murray ne plaisait pas à tout le monde, l'acteur étant parfois, pas souvent, inexpressif. J'ai plutôt vraiment l'impression que ses rôles sont tous différents, peut-être des variations autour du clown triste ou du personnage de Droopy. Reconnu comme un immense comique aux USA, plusieurs de ses films m'ont bouleversés particulièrement ceux de Wes Anderson (j'ai déjà dit beaucoup de bien de La Vie Aquatique). Charlie's Angels et Un Jour Sans Fin sont deux de mes films de chevet.
Autant dire qu'il est presque mon idole et là encore il ne me déçoit pas, qu'il soit assis sur son canapé, guidé bon gré mal gré par son ami ou tout simplement un peu coincé avec ses ex. Et le film peu à peu lui fait la part belle.
Car cette intrigue de fils caché devient peu à peu presque un pis-aller pour le personnage. Don (et Jim Jarmush) entreprend un voyage dans son passé pour voir ce qu'il est devenu. Sans l'artifice du flashback, Don regarde sa jeunesse. Il la regarde à travers d'autres jeunes personnes, des filles qui gloussent à propos d'un beau mec, qui pourrait être lui ou son fils (ils louent la même voiture), dans un bus par exemple. Jim Jarmusch semble aussi s'amuser à mettre discrètement en valeur des jolies et jeunes femmes (dans un avion, chez un fleuriste, dans des salles d'attente...) comme autant de "cibles" potentielles pour Don ou plutôt la personne (que nous croyons) qu'il a été. Et enfin, sans renouer avec lui ou quelque chose comme ça, il regarde à travers les femmes, "ses" femmes.
L'épilogue est presque gonflé car il nous plonge dans l'incertitude (l'agacement pour certains). Le voyage n'était peut-être qu'intérieur, l'histoire n'était peut-être qu'une vengeance. Broken Flowers ne narrait pas l'histoire d'un homme qui remet de l'ordre dans sa vie ou qui renoue avec elle mais peut-être décrivait-il une vie passée sans jamais la montrer. Une vie qui arrive à son terme. Et cette drôle de quête se termine sur un très beau gros plan. Un final sans cruauté, sans peine et sans joie, mais peut-être un peu douloureux, un peu triste.
A retenir dans ce film : le tout dernier garçon que nous voyons dans une voiture et qui regarde Don n'est autre que Homer Murray, un des enfants de l'acteur. Amusant.
La scène qui tue : une scène de nue (avec Alexis Dziena) superbement érotique et plutôt inattendue surprend
Revoir le film : pourquoi pas?
Langue : anglais
Conditions : bonnes
Post Générique : non
L'histoire en une phrase : Don Johnston, un Don Juan vieillissant, part à la recherche de ses anciennes conquêtes pour savoir si l'une d'elles était celle qui lui avait révélé par courrier qu'il était le père d'un garçon de 19 ans.
Broken Flowers démarre presque comme une comédie policière. Don Johnston est un parvenu riche et célibataire dont la dernière conquête vient de le plaquer. Désabusé, seul sur son canapé, il donne l'impression de ne plus vivre et cette lettre anonyme lui annonçant un fils caché parti à sa recherche ne semble l'atteindre qu'intérieurement.
Mais Don a comme un alter ego : son voisin Winston (Jeffrey Wright, très drôle) qui envie sa vie de Don Juan et qui prend les décisions à sa place. Il vit pour lui et à travers lui. Tel un détective zélé, il prend à bras le corps cette histoire de lettre anonyme, retrouve la trace des anciennes conquêtes de Don et lui prépare un plan d'action. Ces scènes d'enquêtes/préparatifs où Don passe son temps sur son canapé, chez ses voisins ou dans un café sont drôles, parfois hilarantes. Et en même temps, la mélancolie plane, Don semble soumis, résigné mais aussi presque redevable envers son voisin qui le pousse à agir.
Ainsi commence un curieux Road Trip dont le but est la rencontre avec les femmes de sa vie, des femmes aux destins et aux personnalités hétéroclites.
- Veuve joyeuse et mère délurée d'une allumeuse prénommée innocemment Lolita,
- Ancienne hippie devenue bourgeoise. Une scène de dîner coincée décrit une femme pleine de ressentiment, de (mauvais?) souvenirs et de regrets contenues. Un personnage entre The Hours et Desperate Housewives,
- Une dépressive paumée qui s'est visiblement très mal remis de leur relation,
- Une babacool un peu lesbienne qui sait parler aux animaux.
Des retrouvailles cocasses, drôles, parfois nostalgiques et même violentes.
Les dialogues sont presque convenues pour ce genre de rencontre. Les femmes racontent leur vie mais sans ouvertement revenir sur leur relation passée avec Don, comme si finalement celle-ci n'avait pas eu vraiment d'emprise sur elle (peu des femmes le reconnaissent).
Ce ne sont pas les mots chez Jim Jarmusch qui vont raconter le passé mais des détails, des décors que Don regardent fugitivement en également trouver une preuve de l'existence de son hypothétique fils. Ce sont aussi le regard des femmes, leur attitude lorsqu'elles le reconnaissent, quand elles lui parlent ou l'écoutent. Don voit son passé à travers elles.
Les quatre actrices, Sharon Stone, Frances Conroy (Ruth dans Six Feet Under), Tilda Swinton, Jessica Lange) apportent bien entendu beaucoup au film, à la personnalité de leur personnage car il n'est pas simple de se référer au passer sans le raconter.
Et Bill Murray reste toujours au dessus de la mêlée, aussi bien l'acteur que son personnage. Bill Murray est ce Don Juan. Au gré de mes lectures, j'ai constaté que le faciès de Murray ne plaisait pas à tout le monde, l'acteur étant parfois, pas souvent, inexpressif. J'ai plutôt vraiment l'impression que ses rôles sont tous différents, peut-être des variations autour du clown triste ou du personnage de Droopy. Reconnu comme un immense comique aux USA, plusieurs de ses films m'ont bouleversés particulièrement ceux de Wes Anderson (j'ai déjà dit beaucoup de bien de La Vie Aquatique). Charlie's Angels et Un Jour Sans Fin sont deux de mes films de chevet.
Autant dire qu'il est presque mon idole et là encore il ne me déçoit pas, qu'il soit assis sur son canapé, guidé bon gré mal gré par son ami ou tout simplement un peu coincé avec ses ex. Et le film peu à peu lui fait la part belle.
Car cette intrigue de fils caché devient peu à peu presque un pis-aller pour le personnage. Don (et Jim Jarmush) entreprend un voyage dans son passé pour voir ce qu'il est devenu. Sans l'artifice du flashback, Don regarde sa jeunesse. Il la regarde à travers d'autres jeunes personnes, des filles qui gloussent à propos d'un beau mec, qui pourrait être lui ou son fils (ils louent la même voiture), dans un bus par exemple. Jim Jarmusch semble aussi s'amuser à mettre discrètement en valeur des jolies et jeunes femmes (dans un avion, chez un fleuriste, dans des salles d'attente...) comme autant de "cibles" potentielles pour Don ou plutôt la personne (que nous croyons) qu'il a été. Et enfin, sans renouer avec lui ou quelque chose comme ça, il regarde à travers les femmes, "ses" femmes.
L'épilogue est presque gonflé car il nous plonge dans l'incertitude (l'agacement pour certains). Le voyage n'était peut-être qu'intérieur, l'histoire n'était peut-être qu'une vengeance. Broken Flowers ne narrait pas l'histoire d'un homme qui remet de l'ordre dans sa vie ou qui renoue avec elle mais peut-être décrivait-il une vie passée sans jamais la montrer. Une vie qui arrive à son terme. Et cette drôle de quête se termine sur un très beau gros plan. Un final sans cruauté, sans peine et sans joie, mais peut-être un peu douloureux, un peu triste.
A retenir dans ce film : le tout dernier garçon que nous voyons dans une voiture et qui regarde Don n'est autre que Homer Murray, un des enfants de l'acteur. Amusant.
La scène qui tue : une scène de nue (avec Alexis Dziena) superbement érotique et plutôt inattendue surprend
Revoir le film : pourquoi pas?
On n'a pas dû voir le même film. Je reconnais le talent, voire le génie de Bill Murray, mais le film lui-même était ennuyeux à mourir. Heureusement que j'avais une réduc sur le billet d'entrée, sinon je crois bien que j'en aurais fait une dépression. Mais bon, il en faut pour tous les goûts! Excellent ton blog, soit dit en passant.
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L'ennui est ce qu'il y a de pire au cinéma, je compatis donc au fait que tu n'es pas accroché à ce joli film au rythme particulier, mélancolique comme Bill Murray :)
Reste toutefois la jolie scène de nue :)
Merci pour tes encouragements.
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