Le Cinéma d'Aska

des films, du cinéma, de la télé, moi.

Les Noces Funèbres

Vu le 19/11/2005 à l'UGC Danton salle 1
Langue : anglais
Conditions : correctes
Post Générique : non

L'histoire en une phrase : fuyant un mariage arrangé, Victor Van Dort passe par erreur la bague au doigt à une jeune femme morte qui va se révéler pourtant pleine de ressources.

Retour à l'animation pour Tim Burton. Le réalisateur avait en effet commencé comme animateur chez Disney sur Rox Et Rouky et Taram Et Le Chaudron Magique qui restent difficilement ancrés dans le patrimoine du cinéma. On dit souvent que Burton fut réalisateur de L'Etrange Noël Jack alors que ce n'est pas du tout le cas, ce bijou ayant été intégralement réalisé par Henry Selick qui démontra son talent par la suite dans James et La Pêche Géante.
Tim Burton est bien ici co-réalisateur, avec Mike Johnson (animateur dans James Et La Pêche Géante, le monde est petit), de ces Noces Funèbres.

Victor Van Dort est donc le héros torturé et romantique de l'histoire, forcé de se marier à une femme qu'il ne connaît pas. Mais elle est une noble et ses riches parents rêvent d'entrer dans la noblesse tandis que les beaux parents, ruinés, aspirent à retrouver un niveau de richesse qu'ils avaient perdu. C'est Johnny Deep qui prête sa voix mais aussi ses traits d'ancien jeune premier à ce jeune homme hélas lisse et sans ambiguïté. Le reste de ce conte sera d'ailleurs assez lisse voire moralisateur, avec une future mariée tout aussi embêtée par ce mariage, des méchants parents et un noble bien douteux qui convoite la jeune fille. Heureusement, ce méchant sans saveur sera puni à la fin. Une histoire très simple à peine complexifiée par une mariée un peu particulière, elle est morte, qui introduit un timide et simpliste triangle amoureux.

Mais diable que c'est beau! Hommage direct à Ray Harryhausen (la marque du piano sur lequel joue Victor), comportant de nombreux décors obliques issus de la grande époque du cinéma muet allemand (non pas que je m'y connais mais j'ai quand même vu Le Cabinet Du Docteur Caligari), Les Noces Funèbre est techniquement réussi et jouissif. Et l'histoire fonctionne grâce à un design miraculeux, beau et délicat, fragile même. Les Noces Funèbres est un spectacle visuel permanent qui touche au sublime quand la défunte mariée apparaît à l'écran. Elle est belle à pleurer. Toutes ses scènes sont réussies comme de beaux poèmes. Sa première apparition est lumineuse, au sens propre d'ailleurs compte tenu de la manière dont elle est éclairée, et c'est à elle que nous devons les grands moments d'émotion comme la remise du cadeau de mariage qui donne les larmes aux yeux tout comme sa triste complainte en chanson avec ses compagnons d'infortune (une araignée et une limace...). A moins de détester l'animation, difficile de ne pas être enchanté.

Dommage que l'humour plombe parfois ces moments de grâce. Les Noces Funèbres fait la part belle à l'humour. De temps en temps, ça fonctionne et on peut rire de bon coeur, le temps par exemple d'une « invasion » des morts chez les vivants, mais le comique, jamais impertinent, est par trop envahissant. En fait, il manque de tact à force d'intervenir dans les plus jolies scènes. La séquence où Victor et la défunte mariée jouent du piano à quatre mains est intense mais ne méritait pas cette chute comique.

A se demander finalement quelle est la véritable intention des auteurs. La fin donne peut-être quelques clés. Lors de la toute dernière scène, Tim Burton nous livre un happy end globalement en règle, le mariage arrangé étant en plus un mariage d'amour donc tout le monde est content même la mariée défunte. Tim Burton nous conforte dans l'idée que cette dernière est cependant la vraie héroïne du film (ce n'était pas difficile de s'en rendre compte vu le titre original : The Corpse Bride) et tout se termine pour elle dans un magnifique envol de papillon. Si cette séquence est réalisée sans l'aide d'un ordinateur, je suis scié. Le fond par contre me laisse circonspect. Nous sommes loin d'une fin mélancolique à la Batman Le Défi mais nous sommes cependant très proches des héros de Tim Burton qui acceptent leur sort (comme Edward par exemple) jusqu'au sacrifice. A ceci près que Tim Burton semble choisir d'abandonner ces (et ses) héros comme pour tourner la page. A ce sujet, ceux qui aiment les vrais commentaires de film peuvent lire ces critiques, ici et ici.

Ainsi, après Charlie Et La Chocolaterie, mon sentiment sur la carrière actuelle de Tim Burton demeure inchangée. Les Noces Funèbres, c'est tout son savoir faire et même son génie pour inventer un monde et pour réunir et faire ressortir le meilleur de son équipe (Johnny Deep, Helena Bonham Carter, Danny Elfman, Christopher Lee étaient déjà au générique de Charlie) au service d'un conte certes jolie mais convenu et convenable.

La Scène qui tue : la défunte mariée est le personnage qui tue. Rarement un personnage animé m'a touché de cette manière.

Revoir le film : oui. Les Noces Funèbres est si beau...

Mon avis express : Pour ce retour à l'animation, Tim Burton raconte un conte simple, voir simpliste, mais au travers d'un univers merveilleux et d'une fragile beauté. Et si Les Noces Funèbres peut nous faire regretter le Burton des années 90, il nous laisse encore de bien beaux moments de pure poésie.
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